Coqueluche : vers la vaccination des femmes enceintes ?

Publié le 12/02/2021
Article réservé aux abonnés

En pleine campagne de vaccination anti-Covid-19, le congrès Paris Santé Femmes est revenu sur la question de la vaccination des femmes enceintes contre la coqueluche.

« Depuis 2004, c’est la stratégie du cocooning qui est mise en place en France », rappelle le Dr Marie Lachatre (Paris). Mais cette stratégie qui consiste à vacciner en particulier l’entourage proche du nourrisson – principal réservoir de la coqueluche – apparaît insuffisante. « La couverture vaccinale reste faible dans l’entourage familial », déplore l’infectiologue. D’après une étude réalisée en France en 2016 auprès de 300 mères et 200 pères d’enfants de moins de 12 mois, la couverture vaccinale des couples ne dépasserait en effet pas 26 %.

Si le cocooning apparaissait insuffisant dès 2016, c’est l’émergence d’une épidémie à Mayotte en 2017-2018 qui a fait prendre conscience de la nécessité d’élaborer de nouvelles recommandations. « À partir de cette épidémie (responsable du décès de deux nourrissons, ndlr), la DGS a établi en février 2018 une saisine relative à la vaccination contre la coqueluche des femmes au cours de la grossesse, saisine qui a mené à la publication d’une recommandation pour le territoire de Mayotte », rapporte le Dr Lachatre.

Nouvelles recos Depuis, la potentielle extension de ces recommandations au reste du territoire est en débat, indique l’infectiologue. « La perspective, à ce stade, c’est la mise en place d’un groupe de travail par la HAS » à qui il incombera d’abord d’étudier la faisabilité d’une vaccination pendant la grossesse en France, indique Marie Lachatre. Pour ce faire, le groupe de travail devra prendre en compte non seulement la disponibilité des vaccins autorisés en France, mais aussi l’expérience des pays qui appliquent déjà ces recommandations soutenues par l’OMS et les connaissances dont on dispose sur la vaccination des femmes enceintes.

D’ores et déjà, on sait que cette vaccination prénatale est d’autant plus efficace qu’elle confère une immunité à la mère mais aussi au nouveau-né, et ce sans effets indésirables particuliers (pas de tératogénicité). Reste à définir la période optimale de vaccination – qui pourrait être le 3e trimestre de grossesse – ainsi que le schéma vaccinal – des rappels semblant nécessaires. « Ensuite, le groupe devra évaluer l’acceptabilité de cette nouvelle stratégie », poursuit le Dr Lachatre. Une enquête publiée en 2019 suggère que plus de 75 % des femmes – en particulier celles ayant été informées des risques liés à la maladie – pourraient accepter d’être vaccinées au cours de leur grossesse. Au contraire, les résultats préliminaires d’une autre investigation, conduite en Île-de-France, retrouvent plutôt une réticence de certains professionnels de santé comme les sages-femmes. 


Source : lequotidiendumedecin.fr