Plaidoyer pour la prévention

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Publié le 23/11/2023
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Alors que les besoins thérapeutiques en population âgée augmentent, les capacités de réponses diminuent. Intégrer la prévention est dès lors une nécessité absolue, comme l’explique le Pr Olivier Guérin (CHU de Nice), nouveau président du CNP de gériatrie.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Le Conseil national professionnel (CNP) de gériatrie est l’instance représentative de la gériatrie française chargée de centraliser l’expertise gériatrique puisqu’il regroupe toutes les associations et syndicats de gériatrie. Il est, à ce titre, l’interlocuteur des pouvoirs publics pour répondre à des missions concernant l’avenir de la gériatrie, alors que la discipline fait face à de nombreux défis, notamment démographiques. Avec,d'un côté, le vieillissement de la population et, dans le même temps, la diminution des professionnels du grand âge.

« Actuellement, pratiquement dans le monde entier (hors Afrique, Amérique du Sud…), le vieillissement de la population est un sujet de préoccupation car on constate, en même temps, un effondrement des systèmes de santé et une désaffection en nombre des professionnels du soin et des métiers du lien. D’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé, ce qui se passe aujourd’hui en France n’est rien par rapport à ce qui nous attend dans les quinze prochaines années », souligne le Pr Olivier Guérin, qui appelle à anticiper.

« Lorsque l’on a une diminution attendue de la réponse curative, on doit miser sur la prévention de manière plus importante. Nous n’avons pas le choix et peu de temps pour mettre en place une organisation. Tel est le sens de la mission que m’a confiée, aux côtés de Luc Broussy, la ministre Agnès Firmin-Le Bodo, "Vieillir en santé", qui porte sur la tranche d’âge 55-75 ans. »

Il va falloir s’intéresser à la structuration des parcours de prévention et utiliser toutes les ressources sanitaires, médico-sociales, et les associations, au niveau d’un territoire, pour prendre en charge tout le monde et notamment les sujets âgés isolés, précaires, les plus vulnérables, qui n’ont pas accès au système de santé. D’ici vingt ans, le nombre de personnes âgées vulnérables aura été multiplié par trois. L’approche préventive doit se faire avec une vision holistique de la santé, prenant en compte les changements climatiques, l’environnement, les facteurs psychosociaux…

« Face à ce défi du manque de professionnels, certains pays, comme la Corée du Sud ou le Japon, ont aussi fait le pari de la robotique et de l’intelligence artificielle. Notre culture européenne n’est pas prête… et heureusement. Il faut trouver une voie alliant humain et digital », estime le Pr Olivier Guérin.

Il faut, enfin, changer le regard de la société sur le vieillissement et lutter contre l’âgisme.


Source : Le Quotidien du médecin