Grippe, pneumocoque, Covid : les vaccinations semblent boudées cet hiver. Pourtant, la grippe est loin d’être anodine. « Les patients confondent souvent la grippe avec un virus hivernal bénin. Il faut rappeler que la grippe peut entraîner des complications infectieuses graves (pneumopathies à pneumocoque), des hospitalisations parfois longues, pouvant accélérer l’entrée en dépendance et augmenter le risque de faire un infarctus ou un AVC dans l’année qui suit », prévient la Pr Claire Andrejak (CHU d’Amiens), responsable du groupe de recherche et enseignement en pneumo-infectiologie (Grepi).
À partir de 65 ans, les personnes présentent une immunosénescence et répondent moins bien aux vaccins standards ; comme pour les immunodéprimés, il est recommandé d’utiliser chez elles un vaccin antigrippal haute dose (quatre fois plus dosé en antigènes). « Mais c’est le pharmacien qui délivre le vaccin antigrippal. Si le médecin ne précise pas vaccin HD sur une ordonnance, le patient ne l’aura pas forcément, cela dépendra de ses stocks… Les pharmaciens, comme les infirmiers peuvent désormais, à la fois prescrire et administrer l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal à partir de l’âge de 11 ans. Espérons que cela permettra d’améliorer la couverture vaccinale », souligne la spécialiste.
Pneumocoque : 20 valences
En ce qui concerne la vaccination antipneumococcique, chez les adultes (immunodéprimés ou avec certaines maladies chroniques) elle va évoluer très prochainement avec l’arrivée d’un vaccin à 20 valences (Apexxnar). Une seule dose remplacera le schéma vaccinal actuel : Prévenar 13 + Pneumovax, huit semaines après, avec rappel par une nouvelle injection de Pneumovax cinq ans plus tard. La Haute autorité de santé (HAS) espère que cette simplification du schéma vaccinal permettra de faire progresser la couverture vaccinale, très insuffisante.
Vaccination anti-VRS pour les adultes, il faut encore attendre
Le VRS est à l’origine d’infections respiratoires qui peuvent être potentiellement graves chez les sujets âgés et les patients fragiles (immunodéprimés, traités pour un cancer, souffrant d’insuffisance respiratoire, cardiaque ou rénale, diabétique).
Deux vaccins ont reçu en 2023 une autorisation européenne de mise sur le marché, mais il faudra attendre l’automne 2024 pour connaître les recommandations de stratégie vaccinale, en cours de rédaction par la HAS.
« Pour le moment donc, il n’est pas pris en charge par l’Assurance-maladie, mais l’un d’entre eux est néanmoins disponible en pharmacie », déplore la Pr Andrejak.
Enfin, la SPLF est en train de mettre à jour le Guide pratique de vaccination en pneumologie, en collaboration avec la Spilf et la SFM. Il a pour objectif d’aider les praticiens en les guidant dans les vaccinations à proposer à leurs patients. « Le comité scientifique espère ainsi apporter une meilleure compréhension des recommandations et surtout une meilleure adhésion à la vaccination afin d’améliorer la couverture vaccinale des patients suivis pour maladie respiratoire », explique la spécialiste.
Entretien avec la Pr Claire Andrejak, pneumologue au CHU d’Amiens, responsable du groupe de recherche et enseignement en pneumo-infectiologie (Grepi)
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