En matière de dépistage organisé du cancer du poumon, l’année 2023 a été essentiellement marquée par la rédaction du cahier des charges du programme pilote, par le groupe de travail représentant les différentes sociétés savantes des professionnels de santé concernés par le dépistage (Société de pneumologie de langue française, Société française de radiologie, Société francophone de tabacologie, Collège de la médecine générale, Société française de chirurgie thoracique et cardiovasculaire), en lien avec la Direction générale de la santé (DGS), la Haute Autorité de santé (HAS) et l’Institut national du cancer (Inca).
« Nous avons rédigé un document consensuel, assez consistant, qui comprend les éléments scientifiques (données des études NLST et Nelson) et organisationnels (prérequis, attentes, contrôle qualité, etc.). Ce cahier des charges est en cours de validation. On commence à entrer dans le concret », indique le Pr Sébastien Couraud (hôpital Lyon-Sud).
Il ne faut pas repartir de zéro et vouloir redémontrer l’efficacité du dépistage
Pr Sébastien Couraud
Ne pas perdre plus de temps
« Cependant, un point crucial reste encore en discussion, celui du cadre réglementaire (et financier) de cette expérimentation. Certains voudraient se relancer dans des essais cliniques d’efficacité, ce qui semble anachronique et incongru. Ce n’est pas du tout ce que l’on veut faire », alerte le Pr Couraud.
En effet, un projet de recherche centré sur l’efficacité serait beaucoup plus compliqué et long à mettre en place. « Pour nous, l’efficacité du dépistage organisé a déjà été largement démontrée et n’est plus une question de recherche. D’ailleurs, de nombreux pays ont mis en place des programmes de dépistage organisés, à l’instar du Royaume-Uni et de l’Australie, rappelle le spécialiste. En revanche, il reste de nombreux points à étudier dans le domaine du dépistage : on ne va évidemment pas arrêter de faire de la recherche à ce sujet… Seulement, nous attendons désormais que les arbitrages se fassent en faveur d’un projet ambitieux et rapide ! »
Le lancement des appels d’offres est espéré pour 2024, et les premiers scanners faiblement dosés de dépistage expérimentés pour début 2025.
Un dépistage plus global
Autre point aujourd’hui consensuel : il faudrait, à l’occasion du dépistage du cancer du poumon, en profiter pour promouvoir plus globalement la prévention santé (arrêt du tabac, dépistage d’autres cancers, promotion de l’activité physique et des vaccinations, etc.). Pourraient par exemple être intégrés le dépistage de la BPCO et des maladies cardiovasculaires. « Il est devenu inconcevable d’imaginer faire autrement. C’est d’ailleurs ce que font les Anglais », souligne le Pr Couraud.
Entretien avec le Pr Sébastien Couraud (hôpital Lyon-Sud)
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