Le top des spécialités qui téléconsultent

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Publié le 09/09/2022
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Si la médecine générale concentre la grande majorité des téléconsultations, plusieurs autres spécialités se sont également laissées séduire à commencer par la psychiatrie dont plus des deux tiers des praticiens s'y sont mis l'année dernière.

Pratiquant des consultations sans examen clinique, c’est la spécialité toute trouvée pour la télémédecine. Ainsi, en 2020, comme en 2021, les psychiatres sont devenus les champions de la téléconsultation. L’année dernière, sur les 5,1 millions de consultations en psychiatrie générale en ville, 1,2 million a été réalisé à distance. Soit 19,5 % de l’activité globale de psychiatres. Près de quatre fois plus que les généralistes. S’ils sont ceux qui exercent le plus à distance, les psychiatres sont également les plus nombreux à avoir goûté - au moins une fois - à la téléconsultation. Sur les 4 550 praticiens qui exercent en libéral et en activité mixte en France, 71 % d’entre eux ont fait au moins une consultation à distance en 2020 et 64 % en 2021. Un record, même en période Covid.

En 2021, ils étaient un peu moins nombreux à avoir utilisé l'outil, en termes d’effectif. Mais seulement 10 % des psychiatres ont arrêté de faire de la téléconsultation par rapport à l'année précédente, alors que la chute est de 62 % chez les cardiologues et de 15 % chez les généralistes. En réalité, avant l’apogée de la téléconsultation, en 2019, les psychiatres étaient déjà 6 % à avoir réalisé au moins une consultation à distance, contre à peine 3 % des généralistes.

« Je fais partie de ceux qui ont découvert la téléconsultation pendant le confinement », se souvient, par exemple, le Dr Michel Jurus, psychiatre libéral à Lyon. Le président du Syndicat national des psychiatres privés (SNPP) confirme que la visio est particulièrement adaptée à sa pratique, en permettant « d’observer les gestuelles, les ressentis émotionnels du patient ». Mais la pratique a, quand même, des limites. « Chez les patients souffrant de grands troubles psychotiques, elle peut poser problème, notamment lorsqu’ils souffrent de dépersonnalisation, dans ce cas il faut les voir physiquement », nuance-t-il.

Mais la téléconsultation est aussi un moyen de rendre plus accessible la psychiatrie, en particulier « aux personnes handicapées, accidentées, aux jeunes mères de famille nombreuses, mais aussi des jeunes gens reclus, qui restent cloîtrés dans leurs chambres » dit-il. L'engouement de la spécialité pour la téléconsultation fait que la limitation de la part de sa part à 20 % de l'activité pose question. Selon, le SNPP, 70 % des psy souhaiteraient que cette barrière saute.

Une demande également formulée par le syndicat Jeunes Médecins qui jugeait, en juin dernier, qu’en psychiatrie « cette limitation desservait l’intérêt des patients ». Chez les généralistes, en revanche, la question ne se pose pas vraiment à ce stade puisque ceux-ci ne réalisent qu'entre 3 et 4 % de leurs consultations à distance depuis mars de cette année, selon les derniers pointages de la Cnam, transmis au « Quotidien ». Mais le quota des 20 % reste « déterminant » selon Agnès Giannotti, présidente de MG France. « Au-delà, j’ai peur que cela ne crée un effet de niche, redoute la généraliste parisienne. Des médecins pourraient trouver plus rentable de n'exercer plus qu'à distance et les plateformes pourraient également en profiter ».

Même analyse pour le Dr Franck Devulder, président de la CSMF, qui rappelle que « cette règle a été mise en place pour donner du poids au parcours de soins et pour éviter que des organisations entrepreneuriales mettent en place des téléconsultations avec des centrales pour toute la France ». Un risque dont est également conscient le Dr Jurus qui redoute également que certains psychiatres qui « s’autoproclament spécialistes de telle ou telle pathologie, comme la bipolarité ou les TDAH » ne profitent de la téléconsultation pour « bombarder » des diagnostics à distance.


Source : Le Quotidien du médecin