La tête sur les épaules, Robin Ohannessian aspire au(x) changement(s). À 25 ans, son parcours est déjà bien rempli.
Interne depuis 2013 en santé publique, il vient d'achever une mission chez SANOFI (département pharmacovigilance et épidémiologie). S’intéressant tout particulièrement au vaccin contre la dengue, il suit le projet sur le long terme, évalue les bénéfices et les risques. Un travail en bureau qu’il aurait tendance à préférer au terrain, pour s’être rendu en Géorgie en 2015, dans le cadre d’une mission de la fondation Mérieux (suivi de cas de patients dans la lutte contre la tuberculose). « Au départ, j’ai voulu faire de la médecine pour l’intérêt que je lui portais et pour tout ce qui a trait à la santé, déclare-t-il. Je ne souhaitais pas forcément être dans l’action et pas forcément sauver des vies comme on se le représente directement. J’ai toujours eu un attrait pour la santé publique. »
Lassé par le système hospitalier après son externat, Robin Ohannessian ne voulait pas devenir généraliste. Il voulait « voir autour, au-delà de la vision restreinte de l’internat », selon ses termes. Il décide alors de rejoindre la spécialité de santé publique, qu’il estime n’étant pas du tout mise en valeur.
S’inspirer de caractères d’action pour avancer
Robin Ohannessian est Lyonnais (Décinois pour être exact, de la commune Décines-Charpieu) et a fait le choix de rester dans la ville où il a grandi, sa famille étant d'origine arménienne. Le jeune médecin n’a pas de modèle au sens propre du terme, préférant « s’inspirer de caractères d’action et comprendre comment ces actions peuvent être menées, s’inspirer pour avancer ». Il donne l’impression d’analyser, de prendre du recul et de peser chacun de ses mots, sans doute par déformation professionnelle. Une observation rationnelle qui l’a conduit à s’intéresser de très près à la télémédecine durant son cursus.
Au moment où la législation se mettait en place, en 2009, il était externe. Très rapidement, il en comprend les enjeux et considère que la télémédecine représente l’avenir de la médecine. « La télémédecine est à prendre en compte dans la démarche de santé publique », affirme-t-il. Et de continuer : « En tant que praticien c’est l’un des outils à maîtriser dans le cadre d’une révolution numérique du système de santé. »
La télémédecine, fer de lance de ses engagements
Lors d’un stage effectué auprès de la direction de la stratégie et des parcours de l’Agence régionale de santé Rhône-Alpes, Robin Ohannessian veut aller plus loin, fort de ce constat : il n’existe pas une source unique qui permettrait de suivre ce qui se fait en France et dans le monde en télémédecine.
Laurent Ponson, responsable du pôle système d’information de santé, l’a côtoyé durant cette période à l’ARS. Il se souvient : « Il a effectué un stage de six mois en 2014 à l'agence, dans le cadre de son internat santé publique, au sein de la direction de la stratégie, sur le sujet télémédecine. Il était effectivement intéressé par la santé publique et la télémédecine, les liens entre les deux, les apports de la télémédecine, les services rendus possibles. Il a travaillé notamment sur le « process » de contractualisation, des instructions de contrats de télémédecine (document liant les acteurs et l'ARS, au titre du décret de 2010), des outils de suivi, l'accompagnement des acteurs, l'acculturation au sujet télémédecine en interne. Il était intéressant pour l'ARS de disposer d'un avis médical et santé publique, pouvant traiter des sujets de télémédecine dans leur ensemble (aspects techniques et médicaux), et apprécier la pertinence des activités de télémédecine. »
Création du site Télémédecine 360
Les choses vont s’accélérer l’année suivante, lorsque Robin Ohannessian va se lancer dans la création de Télémédecine 360, s’appuyant sur son intégration au sein de la Société française de télémédecine (SFT), en tant que représentant des internes. Depuis qu’il travaille à SANOFI, le jeune médecin s’engage encore davantage du côté de la santé publique, ainsi qu’il le souligne : « Le fait de participer au développement du vaccin contre la dengue permet d’avoir une vision à la fois sur la vaccination et sur les problématiques de santé publique. Cela ne fait qu’accroître mon appétit pour les vaccins et pour la santé globale. »
C’est dans le prolongement logique que Robin Ohannessian prépare sa thèse sur le télé-AVC, en collaboration avec le Pr Thierry Moulin, neurologue au CHU de Besançon et président de la SFT. « Il s’agira de comparer le télé-AVC en France, dont le Pr Moulin a été précurseur, avec les résultats d’accessibilité », précise-t-il.
« Pour l’heure, Télémédecine 360 génère entre 150 et 250 visites uniques par jour, le double en pages vues. » Quand on interroge son promoteur sur les difficultés de mise en place de la télémédecine en France, il répond invariablement : « On peut se plaindre des choses qui n’existent pas ou on peut au contraire poser des bases et agir selon sa vision. » Ayant bien sûr choisi la deuxième option, Robin Ohannessian entend initier et apprendre à entreprendre aux médecins et professionnels de la santé, sous le prisme de la télémédecine. Tout en restant modeste : « Je ne cherche pas la gloire par le site. Je ne suis pas Louis Lareng ni Pierre Simon ! », plaisante-t-il.
Article publié initialement le 17 novembre 2016
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