VIES DE MÉDECIN

Dr Stella Verry : in Memoriam

Publié le 19/11/2015
Médecin et voyageuse" Toujours sur son petit vélo pour se déplacer dans Paris », Le Dr Stella...

Médecin et voyageuse" Toujours sur son petit vélo pour se déplacer dans Paris », Le Dr Stella...
Crédit photo : DR

« Stella, qui était fille de pharmacienne, avait tout d’abord fait des études de pharmacie à Paris, jusqu’au doctorat, avant d’être touchée par la vocation médicale, raconte son compagnon, Quentin Savoyen, lui-même kinésithérapeute de profession. Nous nous sommes rencontrés lorsqu’elle a décidé rejoindre le pôle de santé les Eiders, dans le 19e arrondissement. Nous avions le projet de le transformer en maison médicale et Stella avait engagé des contacts avec l’ARS [agence régionale de santé] dans ce but. »

Au Pôle les Eiders, « le Dr Verry était très proche de ses patients, très respectueuse et compréhensive des situations difficiles, toujours souriante », témoigne la responsable administrative de la structure, Madame Jean.

« Elle était très professionnelle, agissant avec beaucoup de douceur, beaucoup de calme, attentive à l’intérêt de ses patients, ajoute Quentin Savoyen. Tous ceux qui l’ont côtoyée vous le diront. »

De fait, au SAMU, où Stella Verry participait le week-end à la régulation dans le cadre de la permanence des soins, Colette Fortier, responsable du service, la décrit comme un médecin « aussi brillant professionnellement qu’affable et attentive aux personnes ».

Ses engagements au pôle des Eiders et au SAMU ne l’empêchaient pas d’avoir de multiples centres d’intérêt : « Elle allait souvent au théâtre, suivait des cours de cuisine, faisait du sport, confie son compagnon, toujours sur son petit vélo pour se déplacer dans Paris. Depuis qu’elle avait fini ses études, c’était aussi une grande voyageuse. Nous étions il y a trois semaines à Séville ; le week-end dernier, nous avons fait la route du vin en Bourgogne. Tous les mois, nous nous envolions pour une destination différente. À chaque fois, nous courrions les musées, Stella avait une curiosité culturelle insatiable. »

Vendredi en fin d’après-midi, comme elle s’apprêtait à quitter les Eiders, Quentin Savoyen avait encore un patient dans son cabinet. « Elle m’a proposé de m’aider, mais je lui ai dit que je la rejoignais après le rendez-vous qu’elle avait avec une amie. Au Petit Cambodge. On s’est fait un petit coucou, on s’est dit à tout à l’heure ! »

« Quand j’ai entendu les infos sur les fusillades, j’ai foncé à vélo rue Alibert. Impossible d’approcher du restaurant, ceinturé par les forces de police. Stella ne répondait pas sur son portable. J’ai passé la nuit à me rendre dans tous les hôpitaux parisiens, en donnant son signalement. Nulle part elle n’avait été signalée. En même temps, je ne perdais pas espoir, je me disais qu’elle s’était jointe spontanément aux secours, en tant que médecin et que, happée dans la tourmente, elle ne pouvait pas me contacter. »

« Ce n’est que samedi après-midi que la PJ m’a appelé pour m’annoncer la nouvelle. Stella est à l’IML [institut médico-légal]. Je n’ai pas la force de m’y rendre. »

Quentin Savoye et la famille du Dr Verry, notamment sa sœur, qui est urgentiste à l’hôpital Bichat, n’ont pas de précisions sur les conditions dans lesquelles est intervenu le décès. Ils attendent les résultats de l’autopsie.

Le Pôle les Eiders, qui emploie neuf professionnels de santé, est resté fermé lundi. Sur la porte, une affiche a été apposée : « La direction du Pôle santé les Eiders a la douleur de vous informer du drame survenu le 13 novembre, au cours duquel un médecin généraliste a été tué au restaurant le Petit Cambodge. Le pôle est fermé en raison d’une journée de deuil. Nous vous remercions de votre compréhension. »

« Stella était une femme admirable », insiste son compagnon.

Ch. D.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9451
Sommaire du dossier