Multifactorielles, les maladies chroniques ont des causes génétiques, biologiques, métaboliques mais également environnementales. À ce titre, l’alimentation constitue un facteur clé sur lequel il est essentiel d’agir. « On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas ses gênes mais on peut choisir par contre le contenu de son assiette et son mode de vie en termes d’activité physique », glisse le Pr Hercberg. Depuis le premier PNNS lancé en 2001, certains objectifs ont au moins été partiellement atteints.
« Les adultes par exemple mangent désormais plus de fruits, consomment moins de sel. Mais les enfants ne mangent pas encore suffisamment de fruits et de légumes. Et pour d’autres aliments ou groupes d’aliments comme les produits sucrés chez les enfants ou les aliments pourvoyeurs de fibres, les objectifs de santé publique n’ont pas été atteints », fait-il remarquer. Comme le Pr Hercberg l’a souligné dans son rapport de 2013 remis dans le cadre de la stratégie nationale de santé, la France certes se trouve dans une situation « moins défavorable que beaucoup d’autres pays, mais la situation reste fragile » et « les inégalités sociales de santé en nutrition tendent à s’aggraver ». Tandis que le PNNS 3 arrive à échéance cette année, le Pr Hercberg insiste sur la nécessité de poursuivre une politique de santé publique qui repose sur les grands principes de ce plan. Cependant, les différents PNNS se sont appuyés quasi exclusivement sur des mesures incitatives qui ont aujourd’hui montré leurs limites « en ne parvenant qu’à toucher qu’une part restreinte de l’offre alimentaire ».
Améliorer l’offre alimentaire
Pour le Pr Hercberg, il est indispensable de « trouver d’autres voies afin d’accélérer l’amélioration de la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire » tout en favorisant « l’accessibilité physique et économique à des aliments de meilleure qualité ». À ce titre, la voie réglementaire reste selon lui le meilleur moyen d’aboutir à court terme à des résultats probants sur le plan nutritionnel. L’une des propositions phares de son rapport de 2013 concernant le nouvel étiquetage alimentaire sous forme de « score coloriel » est d’ailleurs en passe d’être adoptée par les deux chambres dans le cadre du projet de loi de santé. La portée de cette mesure d’application vraisemblablement facultative pourrait toutefois s’avérer limitée.
Des pistes de recherche
L’amélioration de prévention nutritionnelle des pathologies chroniques passe aussi par une recherche dynamique. « On a énormément avancé dans la recherche nutritionnelle sur les maladies chroniques, notamment les cancers, les maladies cardiovasculaires et les maladies cardiométaboliques comme l’obésité, l’hypertension ou le diabète. On a progressé aussi sur les problèmes des troubles de la minéralisation osseuse. Il y a par contre des domaines où les pistes de recherche nécessitent encore beaucoup de travaux, à l’instar des maladies endocriniennes, rhumatologiques, le vieillissement, la cognition, la dépression, la polyarthrite rhumatoïde ou les troubles fonctionnels digestifs », résume le Pr Hercberg. Dans le cadre l’étude Nutrinet santé qu’il coordonne depuis six ans, des analyses spécifiques relatives à des maladies chroniques vont être lancées. « Pour l’instant, on a pu juste montrer qu’il y avait de vrais déséquilibres nutritionnels et des facteurs de risques importants de maladie chronique. Maintenant, à partir de cette année, en continuant à inclure encore des sujets (la cohorte en comporte aujourd’hui 158 000), on va commencer à sortir des résultats par rapport aux pathologies », indique-t-il. Les premiers travaux seront consacrés aux cancers.
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