Claude, est mort est mort le 6 avril 2020. Claude était une voix, une élocution, un style, une compétence, une rigueur passionnée. Il se battait avec courage et élégance contre la maladie depuis plusieurs années. Si nous nous attendions à une triste nouvelle, elle nous a choqués car nous venions de lire sa tribune dans le journal Le Monde daté du 1er avril. Nous pensions donc qu’il allait. Ce n’était malheureusement qu’une tragique méprise que la qualité de son dernier papier ne laissait en rien préjuger.
Il venait de raconter avec grande clarté la naissance, la vie et la mort de l’EPRUS (Établissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires) et donc comment cet établissement public, né en 2007, était mort étouffé dans Santé Publique France en 2016. « Un mélange complexe de considérations doctrinales, politiques, économiques, institutionnelles… a conduit à démanteler un remarquable dispositif de préparation à une crise sanitaire majeure conçue il y a treize ans par un sénateur visionnaire ». [Francis Giraud (1932-2010)]. Claude était aussi docteur en histoire et en épistémologie.
Contacts permanents avec les professionnels de santé
Nous connaissions mieux la profondeur de ses compétences en économie où il était titulaire d’un doctorat et d’une agrégation. Le docteur, puis l’agrégé d’économie, avait, il y a quarante ans, secondé, puis succédé à Emile Lévy à Dauphine et avait étendu les capacités de recherche et d’enseignement de cette université pour lui donner une réputation internationale.
Claude était un travailleur acharné, d'une curiosité sans limite. Il avait sur les thèmes qu’il abordait une connaissance médicale intime du sujet ; il l’acquérait par ses lectures et des contacts permanents avec les professionnels de santé notamment dans le domaine du médicament et des techniques médicales. Un des pionniers de l'économie de la santé en France, il faisait partie de la génération des "généralistes" pluridisciplinaires, à la fois micro-économiste, macro-économiste, mais aussi politiste, n’oubliant pas que l’économie n’est qu’une branche de la science politique. Et, s’il nous arrivait d’avoir des divergences, nous partagions et défendions avec lui un attachement acharné aux valeurs de solidarité et d'égalité de notre système de santé.
Un engagement pédagogique affirmé
Il faut aussi témoigner de son engagement pédagogique et notamment le fait qu’il a toujours offert la possibilité aux professionnels de santé en exercice de s'engager dans une thèse de doctorat en économie. Il les prévenait de la difficulté de cet exercice, mais les soutenait en chemin car il considérait que leur regard décalé enrichissait la discipline.
Enfin, pour ses collègues il a présidé avec rigueur et talent le Collège des économistes de la santé de 2004 à 2012. Cette fonction honorifique n’avait rien d’une sinécure.
Claude était bien autre chose encore : consultant, marin, bon vivant, amoureux fou de la Méditerranée. Nous le respections, nous l’aimions. Notre discipline est aujourd’hui en deuil. Lisez-le, c’est le plus grand hommage que vous puissiez lui rendre. La vie de l’esprit ne s’éteint pas.
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