C'est un rêve américain qui revêt un arrière-goût d'inachevé. Avant de vendre sa société, Bertin Nahum aurait tellement voulu aller plus loin en France…
Le fondateur de Medtech, société montpelliéraine créatrice des robots d'assistance chirurgicale Rosa (opération neurochirurgicale) et Rosa Spine (colonne vertébrale), a annoncé cet été la cession de son entreprise à l'Américain Zimmer Biomet, géant de la chirurgie robotique dont la valeur boursière s'élève à 24,75 milliards de dollars. En cours, l'opération est en train de s'achever. « Mon sentiment est mitigé, confie Bertin Nahum. Évidemment, je suis heureux que l'entreprise puisse poursuivre son développement au sein d'un groupe avec une vision industrielle et entrepreneuriale tel que Zimmer Biomet, mais il y a aussi en moi une part de regret de ne pas avoir trouvé en France les investisseurs qui auraient permis à Medtech de rester sous pavillon tricolore », poursuit celui qui demeure directeur général de la filiale française du groupe américain.
Parti de rien, Bertin Nahum est passé par le circuit désormais imposé aux créateurs dans le domaine de l'innovation. À la création de l'entreprise, il intègre successivement deux incubateurs à Nîmes puis Montpellier avant de remporter une première bourse d'un montant de 200 000 euros qui va lui permettre de véritablement lancer son activité en 2002. 200 000 euros, la somme est importante pour une entreprise qui débute mais largement insuffisante pour permettre un développement rapide dans une industrie si gourmande en capitaux.
Frilosité des investisseurs tricolores ?
Les investisseurs français seraient-ils frileux, comme le laisse entendre Bertin Nahum ? À la lueur du cas Medtech, tout le laisse penser. Cet été, Zimmer Biomet a lancé une OPA d'un montant de 164 millions d'euros en fixant le prix d'achat de chaque action à 50 euros alors que son montant était de 30 euros à la dernière clôture précédent l'annonce du rachat. « C'est une belle plus value pour ceux qui ont cru en nous », se satisfait Bertin Nahum qui, par le passé, avait cédé à Zimmer son robot Brigit destiné à la chirurgie du genou. La Bourse de Paris n'offrant pas les perspectives escomptées, Medtech avait de toute façon, dans un horizon proche, l'ambition d'intégrer le Nasdaq à la Bourse de New-York. « Le capital aurait également changé de mains. Le risque aurait été ici d'avoir au capital des personnes avec une vision court-termiste et uniquement financière. L'offre de Zimmer, alors que nous n'étions pas vendeurs, est venue à point nommé pour asseoir le développement commercial et industriel dont Medtech a besoin », soutient le dirigeant.
Désormais sous pavillon américain, Medtech va toutefois conserver à Montpellier son centre de recherche et de développement. « Nous sommes actuellement 80 et seront plus de 100 à la fin de l'année prochaine. Le profil recherché est essentiellement celui d'ingénieur », complète l'entrepreneur, lui-même diplômé de l'INSA Lyon. L'assemblage des robots restera lui aussi à Montpellier et dans la perspective d'un accroissement des ventes, l'entreprise qui occupe actuellement 1 000 m² dans la périphérie de la préfecture héraultaise cherche à doubler sa surface d'occupation. « Intégrer le catalogue d'un grand industriel tel que Zimmer Biomet va forcément aider au développement commercial », projette Bertin Nahum dont le robot Rosa a été actuellement vendu à plus de 80 exemplaires dans le monde, dont une douzaine en France, seulement.
Cette difficulté à être reconnu dans son propre pays n'est pas une nouveauté pour l'entrepreneur montpelliérain, habitué à cette situation depuis ses débuts. Au démarrage de l'entreprise, c'est lors d'un congrès à la Nouvelle Orléans qu'il avait, pour la première fois, pu rencontrer une chirurgienne du CHU de Montpellier dont les portes lui étaient restées closes jusque-là…
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