L’IHU de Strasbourg emménagera, dans quelques jours, dans un bâtiment entièrement neuf, qui regroupera sur un même site ses quatre volets d’activité constitués par les soins, la recherche, l’éducation et les transferts de technologie. Équipé de 17 blocs opératoires, il permettra de pratiquer la chirurgie hybride mini-invasive guidée par l’image (« Mix-surg ») et d’y former les jeunes chirurgiens, notamment à la chirurgie laparoscopique, l’endoscopie flexible interventionnelle et la radiologie interventionnelle.
Plusieurs industriels, en premier lieu Storz et Siemens, contribuent à l’équipement technique de l’IHU et affinent, avec les médecins, leurs dernières innovations. Les patients, eux, seront opérés dans ce nouveau bâtiment, très soigné sur le plan esthétique, mais n’y séjourneront pas, l’hospitalisation proprement dite ayant lieu dans les services « classiques » dont ils dépendent.
Comme l’explique le Pr Marescaux, l’avenir de la chirurgie, surtout celle du cancer, passe par des interventions toujours plus ciblées, réclamant des images de plus en plus précises. Grâce aux techniques de réalité augmentée et d’imagerie per opératoire, points forts de l’IHU, les chirurgiens peuvent désormais voir leur geste en temps réel, y compris à travers des organes opaques, pour réaliser exactement l’acte nécessaire au patient. De même, l’imagerie en réalité augmentée permet de travailler en tenant compte de l’élastographie individuelle de chaque organe, et de la nouvelle position exacte de l’organe traité pendant l’intervention, souvent différente de celle qu’il avait lors de l’examen.
Le pari « Zeego »
Ce que les médecins ont souhaité pour cela, un industriel, Siemens, l’a réalisé avec eux : le robot « Zeego », le plus perfectionné de tous les équipements de l’IHU, est un scanner qui tourne à 360° autour de la table d’opérations. Il permet des images en temps réel quelle que soit la position de l’organe, avec une irradiation faible et « tous les avantages de l’IRM sans ses inconvénients pratiques », notamment en termes de qualité.
Le constructeur allemand a accepté ce pari, qui n’était pas sans risque, mais aujourd’hui, se félicite Jacques Marescaux, Siemens réalise que son marché de l’imagerie sera plus important en chirurgie qu’en radiologie : c’est pour lui la preuve de l’intérêt de ce nouveau concept, qui a pu justement se concrétiser grâce à l’IHU. Ce « mariage » de la chirurgie et de l’imagerie avait besoin d’un financement que n’aurait pu offrir un CHU classique. Au contraire, l’IHU, de par sa structure de centre d’excellence, permet d’attirer des grands groupes industriels qui participent à son développement. De plus, de nombreuses start-up se sont créées autour de la structure, qu’elles contribuent à enrichir tout en profitant de ses atouts.
Aujourd’hui, résume le Pr Marescaux, l’IHU « concrétise les concepts élaborés depuis 20 ans dans le cadre de l’IRCAD [Institut de recherche sur les cancers digestifs] et nous a donné les moyens de passer de la recherche au transfert de technologie avec un géant industriel ». Une réussite que l’on retrouve d’ailleurs, selon lui, dans les IHU qui s’ouvrent dans d’autres villes, et qui sont la preuve de la justesse de ce modèle médico-économique qu’il a largement contribué à promouvoir.
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