Journée mondiale contre la BPCO

L’importance du diagnostic précoce

Publié le 16/11/2011
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Crédit photo : PHANIE

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« EN FRANCE, plus des deux-tiers des patients ignorent qu’ils sont atteints d’une BPCO. » Le Pr Gérard Huchon, président du CNMR, insiste sur cette statistique alarmante, alors même que cette maladie touche 3,5 millions de personnes et cause 16 000 décès par an dans l’hexagone. L’importance de cette 10e Journée mondiale contre la BPCO est donc capitale pour informer et sensibiliser la population à cette affection chronique très douloureuse, qui entraîne l’hospitalisation de 800 000 personnes par an. Et ce même si de nombreux progrès ont été faits en dix ans.

Il y a une décennie, on ne parlait pas encore de l’entité BPCO. « La campagne d’information pour la 1re Journée mondiale était ainsi intitulée "L’inconnue meurtrière" », rappelle Gérard Huchon. Depuis, pneumologues, médecins et patients ont fait progresser le savoir sur cette maladie et sur sa prise en charge, pour la société comme pour les patients. Le Pr Isabelle Tillie Leblond, responsable du Groupe Femmes et Poumon de la Société de pneumologie de langue française (SPLF) évoque ainsi « la mesure du souffle, qui, même s’il reste encore des progrès à faire, notamment envers les populations les plus précaires, s’est largement généralisée durant ces dix dernières années ». Un examen qui a notamment permis de faire sortir la BPCO de l’impalpable, du subjectif et de mieux déceler son origine.

Autre progrès, en effet, une meilleure connaissance des causes, qui a permis de favoriser la prévention et de mener des actions ciblées. Facteur numéro 1 : le tabac. Il est à lui seul responsable de 90 % des BPCO, les 10 % restant étant liés à des expositions à des substances toxiques, en milieu professionnel notamment. Loi Évin en 1992, plan Cancer en 2002 et application du décret en 2007, la lutte antitabac s’est accélérée ces dernières années. Un combat bien utile pour contrer également la BPCO, maladie liée au tabagisme dont on parle peu, se contentant d’évoquer habituellement le cancer et les maladies cardio-vasculaires. Les jeunes et les femmes font désormais partie intégrante des cibles de prévention dans la mesure où l’on a réalisé que ces derniers fument plus et plus tôt.

Enfin, parmi les améliorations, et pas des moindres, qui se sont produites durant cette dernière décennie, on peut évoquer la prise en charge thérapeutique. De grands progrès ont été accomplis, sur le plan pharmacologique mais également sur celui de la réhabilitation respiratoire, une prise en charge globale qui inclut l’éducation thérapeutique et le réentraînement à la pratique de l’exercice.

Des défis encore nombreux.

Si la BPCO est désormais mieux connue, il reste néanmoins beaucoup à faire, face à un nombre important de décès et face à la souffrance des malades. « Vivre avec cette maladie est très difficile, témoigne Alain Murez, président de la Fédération française des associations et amicales d’insuffisants et handicapés respiratoires (FFAAIR). Il est très important de ne pas se renfermer sur soi-même car si l’on ne fait rien, l’essoufflement s’accentue, les muscles disparaissent… » Il faut favoriser et de généraliser la réhabilitation en centre ou en milieu hospitalier, afin d’accompagner le malade. Mais ce type de structure est encore trop rare et seule une minorité de patients y ont accès.

Autre priorité : diagnostiquer la maladie le plus tôt possible. La mesure du souffle devrait en être réalisée dès l’âge de 40 ans, en cas d’expositions aux risques – tabagisme ou profession à risque -, en cas de toux avec ou sans expectoration et en cas de dyspnée (essoufflement). C’est pourquoi l’attention du médecin généraliste est primordiale, et plus généralement le travail en réseau entre pneumologue, kinésithérapeute, psychologue, généraliste et associations de patients.

Autant de sujets évoqués à l’occasion de la journée mondiale contre la BPCO, dont l’objectif essentiel est la prévention, grâce, notamment, à des actions de sensibilisation et de dépistage dans des lieux publics de près de 40 villes. Prévenir la BPCO en ne fumant pas, repérer la maladie en amont pour l’enrayer ou encore en minimiser le retentissement sur la vie quotidienne des malades grâce aux traitements et à la réhabilitation, des messages que les organisateurs entendent bien faire passer, soucieux que chacun prenne conscience de la réalité de cette maladie.

Informations sur le site : www.lesouffle.org.

ANNE-LUCIE ACAR

Source : Le Quotidien du Médecin: 9042