Ambassadeurs du DMP en Picardie dans la phase d’amorçage (voir le Cahier du 30 mars), les Dr Michel Bourguignon et Philippe Vassant, respectivement généraliste à Verberie (Oise) et à Roisel (Somme) n’ont rien perdu de leur esprit pionnier. Le Dr Vassant a ouvert 350 DMP, « ça fonctionne à merveille ». « Je suis toujours aussi enthousiasme », déclare le Dr Jean-François Roch, qui a ouvert 450 DMP dont 350 alimentés, même s’il n’a réussi à entraîner que trois collègues sur les dix de la maison de santé pluridisciplinaire de Besançon. « C’est simple, on ne perd pas de temps, on lance la procédure pendant qu’on examine le patient et on gagne du temps sur la récupération des examens, confirme le Dr Pascal Charles, pneumologue à Strasbourg, avec plus de 500 dossiers à son actif. Je mets les comptes-rendus de radiologie, les tests allergologie et les tests de capacité respiratoire, tout ce qui peut être utile à un patient qui se retrouve hospitalisé. »« Il y a une information DMP dès la salle d’attente puisqu’on m’a prêté un écran avec une vidéo. Quelques patients sont encore sur la réserve, ils ne saisissent pas toujours ce que le DMP va englober », souligne le Dr François Pétrègne, généraliste à Gradignan, près de Bordeaux,
Il y a eu aussi quelques problèmes techniques pour les premiers installés. Le Dr Thierry Anguenot, cardiologue à Besançon avoue avoir eu un peu peur que le DMP ne marche pas et finisse en cimetière de données. À peine la nouvelle version de Crossway DMP avait-elle été installée qu’il lui fut impossible le lendemain d’ouvrir son logiciel. De fait, la nouvelle configuration lui imposait de changer de matériel. Comme l’a fait le Dr François Pétrègne équipé du même logiciel.
Plus facile à ouvrir
Tous les médecins se félicitent de la fluidité de l’ouverture d’un dossier. Le consentement patient s’est simplifié. La procédure d’ouverture est plus rapide qu’avec AquiDMP, note le Dr Pétrègne.
Le DMPfc était beaucoup plus astreignant, avec une procédure très compliquée, reconnaît le DrRoch qui poursuit : « Les patients sont très demandeurs y compris les gens âgés avec des pathologies multiples. Je continue à penser que c’est un outil d’avenir pour nous et pour la médecine hospitalière. Notre pratique souffre des hospitalisations inopinées et des retours au domicile mal préparés. » « On a un petit livret informatif pour les patients. En général, ils n’ont rien contre, on colle une vignette DMP sur leur carte Vitale, on crée leurs accès et on leur imprime la petite fiche avec leur code, » rappelle le Dr Bourguignon. Ne sont éligibles que les patients disposant d’un accès Internet et un téléphone portable, conditions pour avoir accès à son dossier. Un code d’accès valable 3 minutes est en effet envoyé par SMS sur le mobile du patient.
Du dossier régional au DMP
Les DMP régionaux des zones d’amorçage (DSP, AquiDMP, DMP fc) ont tous été fermés. Souvent, ils n’avaient guère de contenu. Mais les médecins qui avaient participé aux déploiements régionaux peuvent récupérer les documents qu’ils y avaient placés.
Mais c’est plus facile en Picardie qu’en Aquitaine. Entre le DSP (dossier de santé Picard) et le DMP, il y a en effet une récupération à la source du fait de l’utilisation de la plate-forme Santeos par les deux projets.
« J’avais une centaine de patients sous DSP, explique le Dr Vassant, lorsqu’un patient ayant un DSP se présente, mon logiciel (Hellodoc) m’alerte et me propose de transférer les documents vers le DMP, il y a un paramétrage qui permet de faire cette opération automatiquement. »
Le Dr François Pétrègne, n’a pas cette chance. « Il n’y a pas de transfert depuis Aqui DMP. Il faut recommencer. On est dans une logique de démarrage, on alimente avec une lettre de synthèse, et quelques courriers scannés. » Pas trop, sinon ce sera inutilisable. Catriona Raboutet, responsable du déploiement DMP au GCS Télésanté Aquitaine, confirme que dans cette région, le transfert de document du dossier régional au DMP n’est pas automatique, sauf au CHU de Bordeaux, mais souligne-t-elle l’Aqui DMP était encore peu alimenté avec seulement 20 000 documents pour moins de 28 000 dossiers.
Les éléments devraient se pousser automatiquement, ce qui n’est pas le cas, souligne le Dr Roch qui attendait une réunion avec son éditeur Axilog pour améliorer l’interface : seul le compte-rendu de consultation est placé automatiquement dans le DMP mais les PDF (lettre ou résultats de biologie scannés) doivent être poussés à la main.
En attendant les échanges avec l’hôpital
Lorsqu’il crée et alimente le dossier, le médecin a la possibilité de laisser son adresse mail pour être averti de l’arrivée d’un nouveau document dans le DMP de son patient. Pour les médecins traitants, recevoir le compte rendu d’hospitalisation ou le compte-rendu d’un examen de spécialistes et pouvoir le récupérer dans ses dossiers patients, c’est ça la valeur ajoutée du DMP.
En Alsace, il n’y a pas encore de système d’alerte mais c’est pourtant le Dr Charles qui a procédé à un échange avec l’hôpital de Sélestat (Bas-Rhin), médiatisé lors de la venue du Premier Ministre. « Nous nous sommes aperçu lors d’une réunion que nous avions un patient en commun. L’hôpital de Sélestat a mis le compte-rendu d’hospitalisation dans le DMP du patient et je l’ai récupéré dans mon dossier patient. » Son logiciel (Hellodoc) l’avertit s’il y a de nouveaux éléments dans le DMP du patient lors de la consultation.
En Picardie, le Dr Vassant voit arriver des patients qui ont déjà une étiquette DMP collée sur leur carte Vitale. En effet, les hôpitaux ont ouvert 60 % des 7 000 DMP picards qui renferment 15 000 documents. « Je n’ai eu aucune alerte de nouveaux documents dans les dossiers ouverts. » Le Dr Bourguignon regrette, en tant que médecin traitant, de ne pas avoir de notification de la part de l’hôpital quand le dossier est créé. Et il attend avec impatience le premier mail qui l’avertira de la dépose d’un document dans le DMP d’un de ses patients.
« On n’est pas encore dans la communication avec l’hôpital », regrette le Dr Roch. À la maîtrise d’œuvre régionale de Franche-Comté, Vincent Bonnans explique que le CHRU de Besançon connecté depuis mars avait commencé à ouvrir des DMP jusqu’à ce qu’une nouvelle version du logiciel hospitalier DMP compatible (C-Page) ne permette plus d’élaborer l’INSc (l’identifiant national santé provisoire). « C’est un chantier terrible. » De plus, l’idée de faire ouvrir les DMP à l’accueil par des hôtesses n’était pas bonne ; les dossiers n’étaient pas alimentés « Il faut que l’ouverture du DMP soit intégrée dans le processus de soins. » Résultat, 90 % des 2 500 DMP ouverts, l’ont été par des libéraux.
Catriona Raboutet constate que si certains établissements d’Aquitaine (dix sont en amorçage) dépassent leurs quotas, les grosses structures n’ont pas encore réussi à bien s’organiser. Le type de document qui doit aller dans le DMP n’est pas toujours défini, les postes de consultation du DMP avec lecteur de CPS pas encore installés, etc.
Et après les pionniers ?
Si les libéraux ont été jusqu’ici plus actifs que les hospitaliers, c’est parce que les plus convaincus s’y sont mis les premiers. Sur le terrain, le nombre de médecins actifs est bien inférieur aux nombres de médecins connectés. « Sur 200 libéraux DMP compatibles, 100 sont vraiment actifs, annonce Vincent Bonnans, pour convaincre un médecin, il faut s’y reprendre à quatre reprises. » Les GCS (groupement de coopération sanitaire) régionaux multiplient donc les réunions, engagent des visiteurs DMP qui se déplacent dans les cabinets, etc. Dans les hôpitaux, il faut former le personnel au recueil du consentement, accompagner l’organisation. En Franche-Comté, tous les courriers papier envoyés par les établissements vont être estampillés du logo DMP… pour pousser le médecin traitant à les récupérer en ligne.
Le gros chantier d’adaptation des logiciels n’est pas terminé. Aux trois logiciels de gestion de cabinet homologués fin 2011, s’est ajouté ICT (Chorus), présent dans les maisons de santé qui débute la mise à jour de sa version DMP.
L’ASIP Santé compte aussi, fin septembre, appeler à la rescousse les associations de patients qui pourraient contribuer à la création de DMP pour leurs membres. Et va lancer deux appels à projets pour sélectionner de nouvelles régions d’amorçage.
* Le chiffre était passé à 30 000 le 9 septembre, selon l’ASIP Santé
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