Après les allergies respiratoires, qui atteignent désormais un plateau, les allergies alimentaires représentent la deuxième vague des allergies. L'augmentation de leur prévalence est en grande partie liée aux modifications de notre environnement et à la perte de diversité du microbiome. « L'éducation immunitaire s'est faite vers le pathologique, maladies allergiques et maladies auto-immunes », a rappelé la Pr Jocelyne Just. Les polluants jouent aussi un rôle en amplifiant la réaction allergique. En témoigne l'explosion des consultations aux urgences les jours marqués par un pic de pollution et de pollen.
Les allergies alimentaires ne sont certes pas les plus fréquentes : 7 à 8 % des manifestations allergiques, comparativement à 10 % pour l'asthme ou pour l'eczéma et de 20 à 30 % pour la rhinite allergique. Mais ce sont les plus sévères car elles exposent au risque d'anaphylaxie. On assiste en outre actuellement à une augmentation des poly-allergies, associant allergie respiratoire et alimentaire avec un risque de manifestations plus sévères, à type d'état de mal asthmatique et d'anaphylaxie. Enfin, l'histoire naturelle des allergies s'est modifiée, avec des allergies qui auparavant disparaissaient avec l'âge mais qui aujourd'hui tendent à perdurer.
Un diagnostic précis, se fondant notamment sur un interrogatoire minutieux est absolument indispensable, dans un délai rapide après un accident allergique sévère. Il faut reconnaître l'allergie sans sa globalité, car il existe des réactions croisées par exemple entre pollens et fruits. Le diagnostic est ensuite établi par les prick-tests et le dosage des IgE spécifiques.
L'ITO surtout pour l'arachide
La prise en charge des allergies alimentaires a évolué au cours de ces dernières années. La prévention et l'éducation thérapeutique, avec la prescription d'une trousse d'urgence, jouent toujours un rôle important. Mais alors qu'elle a pendant longtemps été centrée sur l'éviction, la prise en charge fait aujourd'hui de plus en plus souvent appel à l'immunothérapie ou induction de tolérance orale (ITO) aux aliments. L'ITO consiste à exposer le patient à des doses progressivement croissantes d'allergènes par voie orale. « Elle est bien validée avec certains allergènes, comme le lait de vache et l'œuf, et est encore en cours d'évaluation pour l'arachide », a rappelé le Dr Jean-Luc Fauquert. Entre 2009 et 2015, plusieurs études ont été publiées, qui ont montré l'efficacité de cette approche. Des résultats encourageants ont également été rapportés par des équipes françaises, ce qui a conduit le groupe de travail en allergie alimentaire de la Société française d'allergologie à faire une enquête sur les pratiques actuelles de l'ITO à l'arachide en France, en Belgique et au Luxembourg. Sur les 233 praticiens ayant répondu à un questionnaire adressé en avril 2016, 20 % ont déclaré pratiquer l'ITO à l'arachide, majoritairement dans le cadre d'un exercice hospitalier. Parmi les praticiens ne pratiquant pas l'ITO à l'arachide, plus d'un tiers pratiquait l'ITO au lait (39 %) ou à l'œuf (33 %).
80 % des allergologues pratiquant l'ITO à l'arachide ont estimé la procédure souvent efficace et 77 % qu'elle a été bien tolérée. Toutefois, la moitié des médecins ont interrompu l'ITO chez au moins un de leurs patients pour une réaction à domicile ou une mauvaise tolérance au long cours. Et près d'un sur deux (43 %) a rapporté avoir eu recours à l'adrénaline chez au moins un patient pour une réaction en lien avec l'ITO.
D'après les communications de la Pr Jocelyne Just et du Dr Jean-Luc Fauquert. Conférence de presse du congrès
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