L’anaphylaxie, dont l'incidence est en augmentation, est une urgence allergique grave qui peut mettre en jeu le pronostic vital. Les décès restent heureusement rares, estimés à moins d’un cas/million d’habitants et par an en Europe.
Réaction allergique généralisée
Elle est de diagnostic clinique, fondé sur les critères de l’EAACI (European academy of allergy and clinical immunology) et de la WAO (World allergy organization). Elle se caractérise par une réaction allergique généralisée, quelques minutes à quelques heures après le contact avec l’allergène, avec des symptômes témoignant de l’atteinte de deux organes : dermatologiques (prurit ou rash généralisé, œdème des lèvres, de la langue ou de la luette), respiratoires (dyspnée, sifflements, toux laryngée, diminution du débit expiratoire de pointe, hypoxémie), digestifs (crampes abdominales, vomissements, diarrhées), généraux (chute de la pression artérielle ou défaillance d’organes tels qu’hypotonie, perte de connaissance, incontinence).
Chez l’enfant, l’anaphylaxie est le plus souvent liée à un allergène alimentaire, alors que les médicaments et les venins d’hyménoptères sont plus souvent en cause chez les adultes.
L'adrénaline en 1re intention
Son traitement initial se fonde en première intention sur l’adrénaline, qui doit être injectée précocement en intramusculaire. Ce sympathomimétique à action directe à un double effet, vasoconstricteur qui permet de réduire l’œdème à l’origine de l’obstruction des voies aériennes et de limiter l’hypotension, et bronchodilatateur. Elle doit être injectée le plus précocement possible en intramusculaire (IM), voie à privilégier par rapport à la voie veineuse pour éviter les troubles du rythme. Les études ont montré qu’un retard d’administration est associé à une augmentation du risque de décès et de complications. La posologie recommandée en IM est de 0,01 mg/kg (avec une dose maximale de 0,5 mg). Une seule injection suffit dans plus de 80 % des cas, mais elle peut être renouvelée en cas de réponse clinique insuffisante. Les effets secondaires sont rares et des effets indésirables bénins, comme la pâleur, les palpitations ou les céphalées peuvent survenir. Il n’y a pas de contre-indication absolue à l’adrénaline, y compris chez les coronariens. L’appel au 15 est impératif et « les patients doivent systématiquement être conduits en milieu hospitalier afin de bénéficier d’une surveillance, indispensable en raison du risque de relargage différé d’allergènes pouvant être à l’origine d’un autre épisode d’anaphylaxie », a souligné la Pr Jocelyne Just.
Stylo auto-injecteur
La nécessaire précocité de l’injection, souvent réalisée dans le cadre d’une auto-injection par le patient ou par un témoin, souligne l’importance de l’éducation lors de la prescription de l’adrénaline, éducation du patient mais aussi de l’ensemble de son entourage familial et scolaire. Les indications de prescription des stylos auto-injecteurs ont été mises à jour dans les recommandations. Chez les enfants bénéficiant d’un projet d’accueil individualisé, le port du stylo auto-injecteur lors de toutes les activités, notamment celles impliquant un déplacement, est essentiel.
D'après la communication de la Pr Jocelyne Just, président de la Société française d'allergologie. Conférence de presse du congrès
(1) Gloaguen A et al. Prise en charge de l’anaphylaxie en médecine d’urgence. Recommandations de la Société française de médecine d’urgence (SFMU) en partenariat avec la Société française d’allergologie (SFA) et le Groupe francophone de réanimation et d’urgences pédiatriques (GFRUP), et le soutien de la Société pédiatrique de pneumologie et d’allergologie (SP2A). Ann. Fr. Med. Urgence 2016;6:342-64
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