À côté du syndrome oral et de l'anaphylaxie, qui sont des manifestations gastro-intestinales de l'allergie alimentaire IgE-dépendantes, il existe des manifestations mixtes, IgE et non IgE dépendantes comme l'œsophagite à éosinophiles, et des syndromes gastro-intestinaux induits par les protéines alimentaires non IgE-dépendants, tel que le (SEIPA), la maladie cœliaque ou l'hypersensibilité au blé non cœliaque. Cette dernière regroupe des symptômes variés, gastro-intestinaux, neurologiques ou cutanés induits par l'ingestion de blé et améliorés par un régime sans gluten, en l'absence de maladie cœliaque et d'allergie au gluten. « Il s'agit d'une entité controversée, sans critères diagnostiques précis, mais qui suscite un engouement du public et peut être à l'origine de néophobies alimentaires », a souligné le Dr Jean-Luc Fauquert, président du Conseil scientifique du congrès français d'allergologie.
D'autres composants du blé que le gluten pourraient être en cause : les ATIs (inhibiteurs de l'alpha-amylase et de la trypsine), protéines des grains de céréales, ou les FODMAPs (Fermentable oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides and polyols).
Le SEIPA chez les enfants en bas âge
Autre syndrome qui bénéficie d'un intérêt croissant : le SEIPA, où la réaction allergique se manifeste par des vomissements répétés survenant classiquement de 1 à 3 heures après l'ingestion de l'aliment, associés à une léthargie et de la pâleur. Une diarrhée apparaît de façon décalée, 6 à 8 heures après l'ingestion de l'aliment déclenchant chez 30 % des sujets. Un choc pseudoseptique est possible (jusqu'à 15 % des cas). Le plus souvent, les patients présentent des manifestations aiguës mais certains enfants peuvent avoir des symptômes chroniques (vomissements, diarrhées) pouvant retentir sur la croissance. Le SEIPA touche surtout les enfants en bas âge, avec une guérison généralement entre 3 et 5 ans, mais des cas évoluant au-delà de ces âges ont été rapportés.
Une épidémiologie mal connue
Une étude israélienne a fait état d'une prévalence de 0,34 % du SEIPA au lait, alors que celle de l'allergie IgE-médiée au lait a été estimée à 0,5 %. Avec le lait, le soja constitue l'autre principal aliment incriminé, mais le riz, les céréales, les poissons, les crustacés, ou encore la patate douce peuvent être en cause. En pratique, un grand nombre d'aliments peuvent être incriminés, variables selon les pays et les habitudes alimentaires.
« Le diagnostic n'est pas toujours aisé, en particulier chez les enfants plus grands car on y pense moins », a souligné le Dr Jean-Christophe Caubet, avant de préciser que de plus en plus de cas sont également rapportés chez l'adulte, en particulier après ingestion de crustacés.
Après les critères de Powell de 1978, révisés en 1986, de nouvelles recommandations viennent d'être publiées (1). Le diagnostic est surtout clinique et se fonde pour le SEIPA aigu sur la présence du critère principal (vomissements de 1 à 4 heures après l'ingestion de l'aliment suspect et absence de réactions cutanées ou respiratoires classiques de l'allergie IgE-médiée) et de 3 critères mineurs parmi une série de 7. « Il n'y a plus de limite d'âge, a précisé le Dr Caubet. Un test de provocation orale est requis pour confirmer le diagnostic, avec dans les critères mineurs de positivité une élévation du compte des neutrophiles de 1 500 au lieu des 3 000 proposés antérieurement ». Les patchs test sont de peu d'utilité (valeur prédictive positive de 40 % et négative de 54,5 % dans une étude de 2012), tout comme les tests de transformation lymphocytaire.
Une résolution variable
L'élimination de l'aliment en cause est la règle, avec toute la difficulté du choix du lait de remplacement en cas de SEIPA au lait de vache ou au soja. La majorité des enfants tolère une formule extensivement hydrolysée, mais chez une minorité une formule à base d'acides aminés est requise.
La diversification est une étape parfois difficile, notamment chez les enfants souffrant d'une forme sévère de SEIPA, avec une augmentation des IgE. « La distinction entre réation IgE-médiée ou non n'est pas toujours très claire », a indiqué le Dr Caubet.
En termes d'évolution, la résolution du trouble apparaît plus longue pour les SEIPA aux aliments solides que pour ceux au lait ou au soja, avec seulement deux-tiers de disparition à l'âge de 5 ans pour les céréales, 50 % pour les viandes et 0 % pour les poissons et les crustacés. En pratique, un test de provocation est proposé tous les 12 à 18 mois.
D'après les communications des Drs Jean-Luc Fauquert, conférence de presse du congrès et Jean-Christophe Caubet, Genève, Session "SEIPA et manifestations digestives de l'allergie alimentaire".
(1) Nowak-Wegrzyn A et al. International consensus guidelines for the diagnosis and management of food protein–induced enterocolitis syndrome: Executive summary—Workgroup Report of the Adverse Reactions to Foods Committee, American Academy of Allergy, Asthma & Immunology. JACI 2017(139):1111-26e4. http://dx.doi.org/10.1016/j.jaci.2016.12.966
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