Les épidémies coûtent cher tant au niveau humain qu’économique. De nombreux pays limitrophes pratiquent la vaccination « immédiate » dans les cabinets médicaux et disposent d’une bonne couverture vaccinale. Ce n’est pas le cas en France, où l’insuffisance de couverture vaccinale est une préoccupation récurrente depuis plus de 20 ans.
Une étude menée dans la Vienne auprès de 310 médecins généralistes volontaires montre qu’un tel dispositif permet d’améliorer la couverture vaccinale. Les résultats ont été présentés en juin dernier lors des journées de prévention de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) par le Dr François Birault, responsable du département de médecine générale à la faculté de médecine de Poitiers. Au point de départ de cette étude prospective sur la vaccination dTCaP et ROR intitulée : « Impact sur la couverture vaccinale de la mise à disposition des vaccins au cabinet du généraliste », un constat : dans un certain nombre de cas lorsqu’on prescrit un vaccin et que l’on donne un rendez-vous pour le faire, le vaccin n’est pas fait : oubli, infection intercurrente, reports… Or les médecins disposent d’un petit stock de vaccins qu’ils pourraient utiliser lorsqu’ils constatent qu’un patient n’est pas à jour de ses vaccinations. Dans l’étude randomisée et contrôlée, 3 groupes ont été constitués après tirage au sort : un groupe « témoin », un groupe « vaccination sur rendez-vous » et un groupe « vaccination immédiate ». La première semaine de l’étude les médecins ne modifiaient pas leurs pratiques habituelles lorsqu’ils constataient qu’un patient n’était pas à jour de ses vaccinations. La deuxième semaine, ils se conformaient chaque fois que possible à la pratique de leur groupe (« témoin », « vaccination sur RDV », « vaccination immédiate »). Une tendance à l’amélioration du taux de vaccination à trois mois n’est observée qu’uniquement dans le groupe vaccination immédiate (50 % des insuffisances de couverture vaccinale constatées sont vaccinées la première semaine, 82 % la seconde semaine).
Des freins législatifs et économiques
Le Dr Birault « souhaite étendre cette étude au niveau régional ou multi-régional afin de pouvoir conclure de façon scientifiquement étayée à l’efficacité - ou non - sur la couverture vaccinale d’une mise à disposition de vaccins au cabinet du médecin ». Cela fait un an qu’il tente de monter un protocole accepté par les ARS, l’INPES, les CPAM…. malgré le fait que tous ces acteurs soient sensibilisés à la nécessité d’améliorer la couverture vaccinale, il rencontre de nombreux freins législatifs, économiques... « En France seul le pharmacien est habilité à vendre un vaccin ; des protocoles de respect de la chaîne du froid rigoureux sont à mettre en place pour autoriser le pharmacien à délivrer le vaccin chez le médecin - mais tout le monde se moque de la façon dont depuis des années les patients conservent et transportent le vaccin chez le médecin - ; la CPAM rembourse le vaccin mais veut s’assurer qu’il est destiné à un assuré. Pourtant, améliorer la couverture vaccinale, c’est l’étendre au maximum pour assurer une protection de groupe au-delà des personnes vaccinées », insiste le Dr Birault.
Le généraliste s’étonne de la proposition de la ministre de la Santé de permettre la vaccination dans les pharmacies. « Des expérimentations ont-elles été faites ? Les pharmacies sont-elles des lieux propices à l’intimité d’une vaccination ? Ne disperse-t-on pas énergies et efforts au lieu d’encourager médecins et pharmaciens à exercer les uns et les autres du mieux qu’ils peuvent leur métier et de façon synergique ? », s’interroge le Dr François Birault.
D’après un entretien avec le Dr François Birault, médecin généraliste, Poitiers
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