Cancer pulmonaire et mortalité précoce

Publié le 09/01/2015
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Crédit photo : SPL/PHANIE

Le taux de survie du cancer pulmonaire est faible car le diagnostic est tardif. Les patients consultent d’abord leur médecin traitant avant d’être redirigé vers un centre spécialisé. Il est donc important, pour le médecin généraliste, de reconnaître les éléments cliniques permettant de suspecter le diagnostic.

Une équipe anglaise a étudié la prise en charge diagnostique par le médecin traitant des patients atteints de néoplasie pulmonaire (1). Sur plus de 20 000 cas, elle rapporte 30 % de décès dans les 90 jours du diagnostic. La plupart de ces patients étaient des hommes (57 %) avec une moyenne d’âge de 72 ans, tabagique non sevré, ayant un niveau socio-économique bas et vivant en zone rurale.

De façon surprenante, les anciens fumeurs présentaient moins de risque de décès précoce que les non-fumeurs. Ceci pouvant s’expliquer par une meilleure vigilance du médecin et du patient ancien fumeur dès la présence de symptômes même si non spécifiques.

La majorité des patients décédés précocement avaient consulté à plusieurs reprises leur médecin traitant dans les 4 derniers mois. Les symptômes ayant motivé ces consultations étaient souvent attribués aux antécédents des patients et non pas à la possibilité d’une néoplasie pulmonaire.

La radiographie thoracique justifiée par des symptômes même non spécifique n’avait pas permis de diminuer le taux de décès précoce. Cela pose la question de la place de cet examen dans cette pathologie. La radiographie thoracique ne permettrait pas de diagnostiquer un cancer du poumon à un stade précoce mais tardif pour lequel le pronostic est déjà engagé. Se pose donc la question de l’utilité et du moment le plus adapté à la réalisation de cet examen.

Au final, le taux de survie du cancer du poumon est donc faible en partie en raison d’un diagnostic tardif (2). Généralement, le patient consulte dans un premier temps son médecin traitant pour des symptômes peu spécifiques. La possibilité d’améliorer le moment du diagnostic passerait donc par une plus

grande vigilance en fonction des facteurs de risque énumérés mais aussi et particulièrement par l’accès plus rapide au scanner thoracique au moindre doute clinique que ce soit chez un fumeur, ancien fumeur ou non fumeur.

L’avancée actuelle de la recherche va bientôt permettre un diagnostic précoce chez les patients à risque par un simple examen sanguin avant l’apparition d’une image radiologique (3). Dans l’immédiat, au vu des différentes recommandations ou études internationales et parce que le cancer broncho-pulmonaire se situe au quatrième rang des cancers incidents en France et représente la première cause de décès par cancer, la Haute Autorité de santé vient d’être sollicitée pour réaliser une évaluation du dépistage du cancer broncho-pulmonaire par scanner thoracique non injecté faiblement dosé.

1- O'Dowd EL and al. « What characteristics of primary care and patients are associated with early death in patients with lung cancer in the UK? » Thorax. 2014 Oct 13 ;

2- Burki TK « Late detection of lung cancer » The Lancet, Vol 15 December 2014 ;

3- Veronique Hofman and al. « Preoperative Circulating Tumor Cell Detection Using the Isolation?by Size of Epithelial Tumor Cell Method for Patients with Lung Cancer Is a New Prognostic Biomarker » Clin Cancer Res; 17(4); 827–35.

Dr Charlotte Mouly

Source : Le Généraliste: 2704