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La HAS revisite le diagnostic de dénutrition après 70 ans

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Publié le 29/11/2021
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De nouvelles recommandations de la Haute Autorité de santé redéfinissent les critères diagnostiques de dénutrition chez les plus de 70 ans. Avec, notamment, un seuil d’IMC revu à la hausse, l’abandon de l’albumine – désormais considérée comme un simple marqueur de sévérité – et des critères de pertes musculaires plus sévères.

Crédit photo : Serghei Platonov

À l’occasion de la deuxième édition de la semaine nationale de la dénutrition, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié, mi-novembre, en partenariat avec la Fédération française de nutrition, de nouvelles guidelines qui revisitent le diagnostic chez le senior.

Dédié spécifiquement aux plus de 70 ans, ce travail vient compléter les recommandations sur la dénutrition de l’enfant et de l’adulte jeune déjà émises en 2019 par la HAS.

Des critères diagnostiques spécifiques

Chez les plus de 70 ans, le diagnostic est clinique et repose, comme chez le sujet plus jeune, sur l’association d’un critère phénotypique et d’un critère étiologique, mais certains des critères phénotypiques ont été adaptés au sujet âgé.

Ainsi, la valeur d’IMC retenue pour parler de dénutrition est plus élevée après 70 ans (IMC < 22 versus IMC < 18,5 chez le sujet plus jeune), « les données épidémiologiques montrant une surmortalité en dessous de ce seuil dans la population âgée », précise la HAS.

Par ailleurs, la notion de réduction de la masse et/ou de la fonction musculaire utilisée avant 70 ans est remplacée par celle de sarcopénie confirmée passé cet âge. En effet, « la réduction de la force musculaire seule est fréquente dans la population âgée et peut traduire les effets de pathologies diverses (arthrose, maladie de Parkinson…), indépendamment du statut nutritionnel, justifie la HAS. Pour évaluer le statut nutritionnel, il est donc nécessaire d’associer à la diminution de la force une diminution de la masse musculaire (sarcopénie confirmée) chez les sujets âgés. »

Au total, pour les plus de 70 ans, les critères diagnostiques phéno­typiques retenus sont les suivants (un seul critère suffit) :
– perte de poids ≥ 5 % en un mois ou ≥ 10 % en six mois ou ≥ 10 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie causale le cas échéant ;
– IMC < 22 kg/m² ;
– sarcopénie confirmée par l’association d’une réduction de la force et de la masse musculaire, conformément au Consensus européen (EWGSOP 2019).
Les critères étiologiques restent, eux, identiques à ceux utilisés chez le sujet plus jeune et sont les suivants (un seul critère suffit) :
– réduction de la prise alimentaire ≥ 50 % pendant plus d’une semaine, ou toute réduction des apports pendant plus de deux semaines par rapport à la consommation alimentaire habituelle ou aux besoins protéino-énergétiques ;
– absorption réduite (malabsorption/maldigestion) ;
– situation pathologique (avec ou sans syndrome inflammatoire) : pathologie aiguë, chronique ou maligne évolutive.

« Les personnes âgées en situation d’obésité (IMC ≥ 30) peuvent être dénutries », souligne la HAS. Dans cette population, les critères diagnostiques sont les mêmes que pour les autres sujets âgés, à l’exception de l’IMC.

Trois indices de sévérité

Lorsque le diagnostic de dénutrition est établi, il est recommandé d’en évaluer la sévérité, selon les critères ci-dessous (un seul critère suffit) :
– IMC < 20 kg/m² ;
– perte de poids ≥ 10 % en un mois ou ≥ 15 % en six mois ou ≥ 15 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie ;
– albuminémie < 30 g/L.

Ainsi, par rapport aux recommandations de 2007 sur la dénutrition des sujets âgés, l’albumine n’est plus un élément diagnostique mais un marqueur de sévérité, sa valeur pronostique ne dépendant pas de l’existence d’un syndrome inflammatoire.

De même, le Mini Nutritional Assessment est considéré comme un outil de repérage mais ne constitue plus un critère de diagnostic.


Source : Le Généraliste