Certains ont pu voir dans la suppression de l’ENA et dans son remplacement par un Institut du service public (ISP, censé sélectionner des profils moins déterminés socialement) – réforme officialisée par l’exécutif au printemps dernier – des mesures d’ordre symbolique.
En réalité, ces changements auront sans doute des effets concrets, même s’ils sont limités, sur les autres écoles de formation de hauts fonctionnaires : le futur ISP est en effet supposé avoir avec celles-ci – dont l’EHESP et l’EN3S – un ensemble d’enseignements communs, dispensés en début de cursus. Et même si les détails sont loin d’être totalement fixés pour le moment, on commence à avoir une idée de la manière dont les choses vont se dérouler concrètement.
« Nous restons une école autonome, à côté de l’ISP, mais nous aurons une partie de la formation en tronc commun avec elle, explique Dominique Libault, directeur de l’EN3S. Cette partie commune portera sur des thématiques comme les valeurs de la République, les inégalités, le numérique… » Laurent Chambaud, son homologue de l’EHESP, souligne que la réforme est à ses yeux « une opportunité de travailler avec d’autres sur des bases communes ». Il estime que son institution, ayant des liens avec le monde académique plus poussés que d’autres grandes écoles, se trouve en position plutôt favorable pour aborder ce virage.
E-learning asynchrone
Il ne faut d’ailleurs pas s’imaginer l’ensemble des futures élites dirigeantes de la nation, tout secteurs confondus, rassemblées dans un amphi bondé unique pour absorber les connaissances contenues dans le tronc commun. « Chaque thématique du tronc commun comporte une vingtaine d’heures, qui se fera pour une bonne partie en e-learning, et de manière asynchrone », précise Laurent Chambaud. En clair : les élèves visionneront des modules de formation pré-enregistrés, chacun sur leur écran. « Pour nous, il s’agit surtout d’intégrer 80 heures dans notre formation, et de gérer les questions de coordination des stages », conclut le patron de l’école de Rennes.
Les élèves continueront donc d’être recrutés sur des concours spécifiques à l’EN3S et à l’EHESP ; et ils resteront affectés, en fin de formation, sur des postes qui leur seront dédiés. « Dans la scolarité, dans les débouchés, il n’y a pas de changement radical », résume Dominique Libault. Il salue toutefois la réforme comme pouvant répondre au besoin des jeunes générations de dirigeants de « construire des parcours plus ouverts, de faire des passages dans des univers différents ». Reste que pour son école, le temps presse pour régler les derniers détails. « Il faut que tout soit prêt assez rapidement, car pour nous, qui avons notre rentrée en janvier, la réforme s’appliquera dès la prochaine promotion », précise le Stéphanois.
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