Urgences : six mois de crise, quels arbitrages ?

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Publié le 02/09/2019
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

La résolution du conflit qui secoue les urgences est devenue une priorité absolue pour Agnès Buzyn. Quand bien même les hôpitaux ont surmonté les tensions estivales sans incident majeur, le mouvement de grève qui dure depuis bientôt six mois ne faiblit pas.

Le collectif inter-urgences, composé de paramédicaux, revendiquait fin août plus de 200 services en grève sur le territoire. « C'est deux fois plus qu'avant l'été et on en attend 250 pour la rentrée », s’enthousiasme Hugo Huon, son président.

La ministre de la Santé a pourtant tenté de déminer le terrain dès juin en débloquant 70 millions d’euros de primes pour les agents et d’aides au recrutement pour les établissements. Un coup de pouce jugé insuffisant par les grévistes qui réclament 300 euros net de revalorisation salariale et 10 000 recrutements. 

Une demande rejetée par la locataire de Ségur interrogée sur « France Inter » le 26 août. « Ce n’est pas la solution. Je comprends qu’on réclame 300 euros de plus mais ça ne résoudra pas la crise des urgences », affirme-t-elle. La ministre souhaite des négociations service par service. « Les problèmes sont différents d’un territoire à l’autre. Dans 28 services, des protocoles d’accord ont été signés car ils ont trouvé des solutions locales », se félicite-t-elle. « Pas sûr que leur vie soit plus rose pour autant », rétorque Hugo Huon qui précise que plusieurs d’entre eux « ont effectivement arrêté le mouvement au niveau local mais continuent à soutenir les revendications nationales ».

Chamboulement

La réforme que prépare Agnès Buzyn s’annonce plus systémique. « Nous allons vers un chamboulement des organisations », a-t-elle lâché sur le plan qu’elle présentera « au mois de septembre » à partir des conclusions de la mission Carli/Mesnier sur les urgences. Tout juste a-t-elle évoqué une « tarification renouvelée » pour sortir de la crise jeudi dernier, à la rentrée du MEDEF. 

La ministre a ouvert la porte à la création d'un « numéro de régulation » inspiré du modèle danois pour permettre de régler l’amont et notamment « l’accès aux soins en ville ». Une déclaration qui n’a pas manqué de faire réagir les libéraux qui défendent la généralisation du 116 117. « Ce numéro dédié aux soins non programmés contribue au bon usage du système de santé. La volonté de certains d’imposer un numéro unique pour tous les appels médicaux est une mauvaise solution », écrit MG France.

Le collectif inter-urgences réunira le 10 septembre à Paris une assemblée générale de rentrée. L'ordre du jour est clair : étendre la grève aux autres services de l’hôpital.

Martin Dumas Primbault

Source : Le Quotidien du médecin