En 2017, la création de nouveaux diplômes d’études spécialisées (DES) – médecine d’urgence, gériatrie, médecine légale et expertises médicales, allergologie, médecine intensive-réanimation, maladies infectieuses et tropicales, médecine vasculaire – et la filiarisation de toutes les spécialités chirurgicales ont changé la donne pour les choix de postes d'internat. Quel bilan ?
Plusieurs nouveaux DES avaient d'emblée fait le plein, comme la médecine intensive-réanimation ou les maladies infectieuses et tropicales, tandis que d'autres peinaient à recruter (gériatrie, allergologie ou médecine d'urgence).
Trois ans plus tard, l'infectiologie reste plébiscitée, au sixième rang (sur 44), selon notre indice d'attractivité. « Elle a de nombreux atouts, ouverture internationale, approche intellectuelle et systémique, mais aussi débouchés professionnels variés en instituts, hôpitaux, ONG ou même en libéral, sans compter un réseau de jeunes très dynamique, énumère le Dr Nathan Peiffer-Smadja, coordinateur du Réseau des jeunes infectiologues français (RéJIF). C'est aussi une spé d'avenir car les pandémies sont amenées à se reproduire. »
En milieu de classement, la médecine intensive-réanimation (MIR) perd quelques places mais reste attractive. « Notre discipline n'offre pas les perspectives financières mirifiques d'autres spécialités, mais nous avons des conditions de travail exemplaires, une bonne qualité de vie et nous sommes une spécialité transversale multi-organes », valorise le Pr Stephan Ehrmann, président du Collège des enseignants de médecine intensive-réanimation, « prudent » avec les indices d'attractivité dérivés des ECN.
Méconnaissance
A l'inverse, d'autres DES récents se retrouvent en bas de tableau. C'est le cas de la médecine légale et d'expertises médicales, pourtant au cœur des séries policières, qui peine à séduire. « La plupart des étudiants font leur choix à l'internat en fonction d'un organe, or cette spécialité est totalement transversale, analyse le Dr Hervé Foult, du conseil national professionnel (CNP). Il y a peu de place dans le cursus avant l'internat pour cette discipline, difficile à enseigner pour la partie expertise où se mêlent réparation juridique du dommage corporel et analyse médicale. Elle est peu connue des étudiants, difficile à appréhender et donc à choisir. »
La méconnaissance, c'est aussi l'explication des représentants de l'allergologie, au 35e rang des choix de postes. « Certains étudiants ne savent même pas que cette spécialité existe ! Il n'y a pas ou peu d'enseignements au cours du premier et du deuxième cycle », déplore le Dr Isabelle Bossé, présidente du Syndicat français des allergologues (Syfal). Elle pointe aussi l'absence de services hospitaliers identifiés (cette spécialité étant souvent rattachée à la pneumologie ou à la dermatologie, ce qui empêche de se projeter dans une carrière hospitalière), et un acte de base bloqué à 28,80 euros depuis 1991 en libéral…
Pénibilité
La médecine d’urgence pâtit de conditions de travail difficiles dans des services saturés et exposés. « Il y a un delta entre le nombre de médecins urgentistes sur le marché et le besoin en temps médical, donc forcément on en demande plus à ceux qui sont en poste », explique le Pr Dominique Pateron, à la tête du Collège français de médecine d'urgence (CFMU). Le casse-tête de la gestion de l'aval est un autre obstacle. « Cette pénibilité est constatée en stage par les étudiants, ce qui les freine dans leurs choix, alors que nous sommes une très belle spécialité », plaide le Pr Pateron. Bonne nouvelle cependant : les 471 places offertes ont toutes trouvé des candidats !
La gériatrie remonte la pente et affiche un taux de remplissage de 97 % (contre 77 % l'an dernier), soit 20 postes supplémentaires. Une satisfaction pour l'Association des jeunes gériatres (AJG), preuve « du dynamisme » de cette jeune spé « et de l'intérêt pour les différentes facettes de la gériatrie », souligne le Dr Matthieu Piccoli, son président. Alors que la crise du Covid a mis en lumière la filière gériatrique, il espère que la spécialité poursuivra sur sa lancée avec une hausse du nombre de postes.
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