C’est une avancée majeure dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS). Un pédiatre de l’hôpital Delafontaine (centre hospitalier de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis) a été suspendu, à titre conservatoire, avec effet immédiat, le 30 octobre. Et ce, en moins de deux semaines, après des signalements de faits présumés d’agression sexuelle, grâce à l’action du Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP). Retour en arrière.
Le 17 octobre, le syndicat lance une deuxième vague de son questionnaire pour recueillir les témoignages d’étudiants, à partir de signalements dans le champ libre nommé « alerte » sur la plateforme de stage Atlas – auquel seul le SIHP a accès. Le lendemain, une interne signale, via ce biais, des faits présumés d'agression sexuelle, puis accepte d’en parler à son chef de service et à la direction des affaires médicales (DAM).
Gestes et comportements inappropriés
Concrètement, elle rapporte des gestes et comportements déplacés : rapprochements physiques, mains touchées… Bref, des agissements qu’elle ne considère pas comme normaux dans la sphère du travail. En outre, elle a également demandé à ne plus faire de gardes avec ce praticien. Avec ces informations, le syndicat s’active et recueille d’autres témoignages de faits suspectés d’agressions sexuelles avec ce même pédiatre. Le 21 octobre, une réunion d’urgence a lieu, entre le service, la coordination, la direction et le SIHP.
Deux jours plus tard, le 23 octobre, accompagnées par le syndicat, deux internes déposent leur témoignage à la DAM, expliquant être victimes de faits similaires du même praticien. Le coordonnateur de la spécialité a été sollicité et a soutenu le signalement de ces faits récents à la direction. En concertation avec le doyen, l’ARS et l’hôpital, une semaine plus tard, soit le 30 octobre, à 22 heures, la suspension du pédiatre est prononcée.
L’importance d’une action collective
Une enquête administrative est en cours à l’hôpital. Après avoir changé de stage au 4 novembre, les internes ont été affectées dans de nouveaux services. Elles peuvent désormais porter plainte contre le médecin devant la justice, l’Ordre ou le Conseil national de gestion (CNG). Elles sont aujourd’hui soutenues par le coordonnateur de leur spécialité et le syndicat, qui leur apporte une aide psychologique et qui se dit prêt à les épauler d’un point de vue juridique, en fonction de ce qu’elles choisiront à l’avenir.
Si le syndicat a l’habitude d’accompagner des victimes de violences sexistes ou sexuelles, c’est la première fois que leur aide est si efficace, rapporte la présidente du SIHP, Marine Loty. « Le fait qu’on ait obtenu cette décision et ce soutien de tous les acteurs aussi rapidement, en plus d’être assez inhabituel, montre qu’il est bel et bien possible, lorsqu’une action collective est menée contre ces violences. Notre objectif est de protéger les internes et ne pas laisser ces situations inacceptables perdurer », affirme-t-elle.
Contactée, l’ARS Île-de-France confirme avoir « soutenu la décision de suspension du praticien visé par des signalements », celle-ci permettant « aux personnes potentiellement concernées de s’exprimer ». Dans la lutte contre les violences sexistes ou sexuelles, « la parole des victimes doit être entendue rapidement », précise-t-elle encore. L’agence encourage vivement à utiliser « tous les systèmes de signalement mis en place au cœur des établissements, des syndicats, des organisations professionnelles ou via son site Internet pour informer et signaler les faits dont [les internes] seraient victimes ou témoins. »
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