41 millions de patients en zones sous-dotées : « la France est un désert en médecine générale » selon MG France

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Publié le 18/04/2017
DESERT

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Crédit photo : PHANIE

À la lumière de nouveaux indicateurs et méthodes de calcul retenus pas le ministère de la Santé, 41 millions de Français vivraient en zone de faible ou très faible accessibilité à un médecin généraliste.

MG France, qui rend publics ces chiffres en utilisant lui-même ce nouvel indicateur d'accessibilité potentielle localisée (APL) défini par la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), calcule que 4,7 millions de Français vivent dans une zone de « très faible accessibilité » à un médecin généraliste. 36,9 millions vivent en zone de faible accessibilité, et un peu plus de 17 millions en zone de moyenne accessibilité.

« À tous ceux qui pensent encore qu’il suffit d’obliger les jeunes à s’installer à tel endroit, la réponse est simple, en conclut le Dr Claude Leicher, patron du syndicat : il faut les obliger à s’installer partout en France, car peu de territoires conservent encore une offre égale ou supérieure à une moyenne elle-même en forte baisse. »

Catastrophe nationale ?

MG France parle de « catastrophe nationale silencieuse » et invite l'assurance-maladie à investir sur la médecine générale, « comme elle l’a fait depuis 50 ans pour les autres spécialités », pour lui redonner de l'attractivité. Le syndicat enjoint parallèlement les candidats à l'élection présidentielle à « redonner de la confiance et des moyens d’exercice à la médecine générale ». MG France réclame depuis plusieurs mois la création d'un fonds d'intervention en soins primaires de 500 millions d'euros qui permettrait de doter les généralistes d'un secrétariat et d'un poste d'assistant médical.

À peine dévoilé, ce nouvel indicateur démographique est critiqué, certains jugeant qu'il fait courir un danger à l'exercice libéral. Le Dr Philippe Vermesch, président du SML, indique que c'est en mars dernier, lors d'une réunion au ministère, que des représentants de son organisation ont appris l'existence de l'APL, qui tient compte à la fois de l'offre et de la demande des environs.

Selon le SML, cet indicateur met par ailleurs en évidence que les médecins libéraux effectuent en moyenne nationale 5 400 actes par an. Ce chiffre inquiète le syndicat qui craint qu'il ne serve de base au calcul d'un équivalent temps plein (ETP) pour les médecins libéraux.

La crainte d'une politique de quotas

Le Dr Vermesch s'interroge : « Ce niveau d'activité sera-t-il opposable un jour aux médecins ? Ne risque-t-il pas un jour d'être intégré d'une manière ou une autre à la ROSP » ? Le syndicaliste redoute la mise en place d'« une politique de quotas ». Il demande donc à Marisol Touraine d'« écarter cet indicateur technocratique », et l'invite à envisager d'autres critères plus pertinents.

MG France conteste cette analyse. Cet indicateur, beaucoup plus détaillé que ceux utilisés jusqu'à présent, a été proposé par la DREES il y a plusieurs années, se remémore le Dr Claude Leicher. Selon lui, au lieu d'établir la cartographie des zones sous-dotées à partir de leur simple densité, ce nouveau mode de calcul tient compte de l'activité et de l'âge des médecins, de la distance moyenne d'accès, des caractéristiques du bassin de vie et de ses habitants.

Bref, l'indicateur reflète une réalité bien plus parlante et pertinente qu'un simple ratio entre nombre de médecins et nombre de patients, assure Claude Leicher. « Il n'a absolument pas vocation à définir un profil type de médecin, mais à décrire le terrain. Il permet aussi d'être plus fin dans le zonage », conclut Claude Leicher.


Source : lequotidiendumedecin.fr