Les médecins libéraux saluent les premiers pas du Pr Agnès Buzyn, et maintenant ?  

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Publié le 15/06/2017

Un symbole ? Sans doute. En tout cas une méthode nouvelle : à peine nommée, la nouvelle ministre de la Santé a rencontré séparément l'ensemble des organisations représentatives des médecins libéraux et l'Ordre, qui représente toute la profession. 

Pendant ces entretiens d'une heure souvent jugés cordiaux par les leaders syndicaux, l'ancienne patronne de la Haute autorité de santé (HAS) a surtout beaucoup écouté, souvent accompagnée de son conseiller Jacques Olivier Dauberton, généraliste de 38 ans et ancien syndicaliste (REAGJIR). « Elle est en train de renouer les fils du dialogue rompus avec Marisol Touraine depuis de trop nombreux mois », analyse le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, qui reste prudent. « Il y a une volonté d'échange, c'est indiscutablemais la confiance ne se décrète pas, elle se construit patiemment. »

La ministre a un atout de taille, elle est médecin. « Ça n'est pas une garantie de succès, estime le Dr Patrick Bouet, président de l'Ordre national, mais cela nous permet au moins d'avoir un interlocuteur qui comprend les problèmes de la profession et parle la même langue. »

La ministre est déjà très attendue sur les arbitrages qui seront rendus dans le prochain budget de la Sécurité sociale. Le taux d'évolution des soins de ville pour 2018 sera-t-il, oui ou non, supérieur à l'objectif assigné aux hôpitaux ? Plusieurs organisations ont également réclamé la suppression de l'article 99 de la précédente loi Sécu, qui autorise le directeur de l'assurance-maladie à modifier arbitrairement les tarifs de radiologie.

La CSMF a réclamé l'acte de décès du tiers payant généralisé obligatoire – après l'évaluation annoncée par le Premier ministre – et un effort d'un milliard d'euros par an pendant le quinquennat pour réussir le virage ambulatoire. MG France souhaite de longue date un fonds d'investissement sur les soins primaires pour permettre aux médecins de recruter des assistants médicaux. « Il ne suffira pas de doubler le nombre de maisons de santé s'il n'y a personne pour y travailler », fait savoir son président le Dr Claude Leicher.

Même longueur d'onde

Le BLOC, qui représente les chirurgiens, anesthésistes et obstétriciens, revendique une « pause » dans l'élaboration des projets régionaux de santé « menés à marche forcée ». Le syndicat plaide également pour la révision de la réforme du 3e cycle des études médicales qui mécontente plusieurs spécialités. « Nous avons aussi demandé que les futurs contrats responsables ne pénalisent pas les praticiens de secteur II, aujourd'hui moins bien remboursés », déclare le coprésident du syndicat, le Dr Jérôme Vert (AAL).

La volonté d'Agnès Buzyn d'engager une action volontariste sur la prévention est en tout cas perçue comme un signal positif par le Syndicat des médecins libéraux (SML).

Premier reçu, le Dr Jean-Paul Hamon, patron de la FMF, veut croire en des jours meilleurs. « La ministre et ses conseillers maîtrisent leurs sujets, on sent qu'Agnès Buzyn connaît le métier de médecin et ses difficultés. Nous sommes sur la même longueur d'onde ». Jusqu'à quand ?

Ch.G.

Source : Le Quotidien du médecin: 9589