Réformes sociales, loi de santé, tiers payant, GHT...

Touraine défend son bilan avec fierté et règle ses comptes

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Publié le 02/02/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Dans la dernière ligne droite de son « quinquennat », l'heure est à la défense et à l'illustration du bilan pour Marisol Touraine.

La ministre a saisi l'opportunité des vœux à la presse* pour jeter un coup d'œil très satisfait dans le rétroviseur mais aussi distribuer quelques piques à ceux, politiques ou médecins, qui lui ont fait obstacle. Championne de France de la longévité au ministère de la Santé, la locataire de Ségur estime qu'elle peut se targuer d'un bulletin de notes honorable au regard du nombre de réformes engagées en cinq ans.

31 000 postes en plus à l'hôpital

Marisol Touraine n'a pas caché sa « très profonde satisfaction » d'avoir tenu longtemps la barre d'un ministère réputé très difficile. La réforme des retraites, la création du compte pénibilité, la garantie contre les impayés de pensions alimentaires et la prime d'activité « équivalente à un treizième mois » « à destination de quatre millions de foyers » sont les principaux marqueurs de « progrès » de son mandat.

Le déploiement des groupements hospitaliers de territoire (GHT) est même une « réussite bien au-delà ce qu'on pouvait imaginer », s'est félicitée Marisol Touraine, pour qui « l'hôpital est aujourd'hui plus ouvert sur la ville, l'innovation et l'avenir ». Souvent interpellée sur les risques de restructuration hospitalière et de casse sociale, Marisol Touraine a mis les points sur les « i » : « Non, il n'y a pas 22 000 postes en moins à l'hôpital, mais 31 000 postes en plus ! » (depuis 2012).

La ministre a également insisté sur sa politique de lutte contre la désertification médicale, grâce au « maintien » des hôpitaux de proximité, à la création des centres et des maisons de santé, « au nombre de 1 200 à la fin de l'année », et au développement des consultations avancées de médecine générale. « Je suis étonnée de la réaction de syndicats professionnels qui estiment que, ce faisant, on enlève des consultations aux médecins. On n'enlève rien, on les fait en plus », a-t-elle taclé, visant implicitement la CSMF ou la FMF, qui ont dénoncé une ingérence hospitalière dans leur pré carré. « Allez-y [dans les déserts], nous avons besoin de vous pour soigner les Français dans ces zones-là ! » a-t-elle encore jeté.

Le tiers payant, un progrès

Après avoir évoqué pêle-mêle les principales mesures de santé publique de sa loi de santé (ouverture de salles de consommation à moindre risque, droit à l'oubli, création des « class action », etc.), Marisol Touraine a pris le soin de clore sa liste de « progrès » par la mise en place du tiers payant généralisé. « C'est un progrès, je le maintiens », a-t-elle plaidé.

Sur le papier, l'application du tiers payant doit devenir un droit pour tous les Français (sur la part Sécu) le 30 novembre prochain. Faisant référence au nouveau portail de services présenté par 130 complémentaires santé en début de semaine pour faciliter la généralisation du dispositif, la ministre, toujours rassurante, a estimé que « l'une des inquiétudes des médecins » avait trouvé une réponse. « Ils n'ont plus à avoir autant de contrats avec les complémentaires mais uniquement avec la plateforme qui leur sert d'intermédiaire », s'est-elle réjouie. Le sort de la réforme du tiers payant généralisé reste toutefois directement lié aux résultats des échéances électorales.  

Ubuesque

Si les faits d'armes ont été longuement évoqués, Marisol Touraine s'est moins attardée sur ses « regrets ». La focalisation des débats sur le tiers payant généralisé lors de l'examen de la loi de santé en est un. Une communication « imparfaite » sur les lois d'adaptation de la société au vieillissement et sur la fin de vie en est un autre.

La ministre, qui n'avait pas pris position dans la primaire à gauche, a appelé Benoît Hamon « à rassembler la gauche et au-delà ». Marisol Touraine l'invite à mettre de l'eau dans le vin d'un programme auquel elle « n'adhère pas ». Quant à François Fillon, son meilleur ennemi depuis sa sortie sur « le petit risque et le gros risque », Marisol Touraine a condamné, sans citer son auteur, le « caractère ubuesque » de cette proposition. 

* En présence de l'association des journalistes de l’information sociale (AJIS)

 

 

 


Source : Le Quotidien du médecin: 9552