Quinze minutes de vol à partir de Bélize City suffisent à se faire une idée de la géographie du pays. Dans le coucou à hélices de la compagnie Tropic Air filant à basse altitude vers Dangriga, au sud du pays, le paysage est clair comme l’eau du lagon : à droite, le continent, avec sa végétation dense et ses reliefs forestiers grimpant en direction du Guatemala ; sous les ailes, la côte, sauvage, humide, verte de sa mangrove ; à gauche, le fameux lagon, entaché d’îlots épars et isolés, plantés dans l’immensité de la mer des Caraïbes. Bienvenue au Bélize, pays tropical d’à peine 400000 habitants, de la taille de la Slovénie, l’un des moins connus d’Amérique centrale – hormis des plongeurs.
Si elle reste dans l’ombre vue d’Europe, cette ancienne colonie de la couronne d’Angleterre, ex-Honduras britannique indépendant depuis seulement 42 ans, dispose d’un atout qu’aucun de ses voisins ne possède : une barrière de corail, la deuxième plus grande au monde après celle d’Australie. La seule véritable de l’hémisphère nord. Impossible d’aller au Bélize sans la découvrir. Depuis Dangriga, la coque du bateau fend les eaux du lagon dans sa direction. Trente-cinq minutes plus tard, nous accostons sur South Water Caye, confetti d’îlots à palmiers posé à quelques encablures du récif. Là se trouve le Pélican Beach, un hôtel familial, cinquième génération. Welcome in paradise !
Que faire en pareil lieu ? Rien. Ou plutôt si, marcher pieds nus dans le sable. S’allonger dans le hamac suspendu sur la terrasse de sa chambre – des bungalows spacieux. Admirer le spectacle inlassable des pélicans-torpilles plongeant en mer pour se nourrir de poissons. Nager, bien sûr, dans une eau délicieuse. Prendre un canoë pour longer le rivage. Admirer le coucher de soleil sur la côte, au loin. Et son lever sur la mer des Caraïbes, près d’un héron placide. Aller à pas tranquilles vers le bungalow commun (seul lieu connecté au WiFi) à l’heure des repas, pour se régaler de chips de manioc, de riz parfumé à la noix de coco ou de darasa, une pâte de bananes vertes parfumée au jus d’orange, citron et lait de coco, souvent servie dans une feuille de bananier. Bref, que des occupations contraignantes…
Si l’aspect détox du séjour ne fait aucun doute, on peut aussi pratiquer des activités toniques. Les plongeurs en bouteille auront mille occasions de découvrir la richesse des fonds sous-marins. Les snorkelers aussi, jetés à l’eau au large de South Water Caye pour admirer coraux, poissons multicolores et même petits requins. En bateau, l’excursion à Tobacco Range et Tobacco Lagoon, îles à mangrove rouge, permet d’espérer voir des lamantins, adorables bubble-gums marins blancs-gris, herbivores mais discrets. Au bout de cet atoll, une curiosité : Man O’ War Caye. Cet îlot porte un arbre sur lequel sont perchées des dizaines de « frégates superbes », oiseaux de mer de grande taille. Dans un ballet incessant, elles volent autour de l’arbre, ramassant des brindilles pour fabriquer les nids. Et les mâles gonflent leurs jabots rouges dans une parade nuptiale puissante.
À ceux qui connaissent les Caraïbes, la terre ferme bélizienne rappellera sans surprise la fertilité végétale des tropiques. Même peu élevé, le point culminant du Bélize (1124 m) témoigne d’un relief tourmenté, propice aux activités outdoor. À faire ainsi depuis la ville littorale d’Hopkins, une balade en bateau sur le fleuve côtier Sittee, plongée au cœur d’une mangrove à hérons, aigrettes et martins-pêcheurs. Plus loin, des balades à cheval : elles révèlent un joli mix paysager, des champs de citronniers et de mahoganies (acajou, arbre national du Bélize) plantés au milieu d’une jungle dense. Les marcheurs auront de quoi user leurs semelles : randos vers les cascades (l’Antelope Waterfall, dans le Bocawina National Park, est accessible à tous), treks et canyoning.
Impossible de quitter le Bélize sans s’intéresser aussi à la culture garifuna. Une partie de ce peuple chassé de l’île de Saint-Vincent par les Anglais à la fin du XVIIIe siècle finit par s’installer sur la côte sud du pays, comme à Hopkins. Métisses d’esclaves marrons et d’indigènes caribéens, ces pêcheurs invétérés préservent une langue spécifique (où l’on retrouve des mots français), une cuisine typique (succulent hudut, ragoût de poisson) et une musique à base de drums. Au-delà de l’intéressante démonstration au Lebeha Drumming Center d’Hopkins, tendez l’oreille : le week-end ou les jours fériés, il n’est pas rare d’entendre des accords de percussions dans la rue, l’occasion de partager un moment festif avec un groupe de musiciens improvisé. Façon de prolonger le séjour détox dans la joie communicative…
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