Editorial

Ceux qui rament vivront plus longtemps

Publié le 20/11/2014
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Le sport de très haut niveau est-il bon ou mauvais pour la santé ? Les entraînements éprouvants, répétés, allant jusqu’à plus de 1 000 heures par an, nécessaires pour participer aux compétitions internationales ont été associés à des conséquences néfastes : des anomalies cardiaques pouvant entraîner une mort subite, et une série d’anomalies dans les réponses inflammatoires qui semblent désorganisées. L’arrêt du sport de compétition ne serait pas non plus la solution, les internationaux retraités étant eux aussi, selon certaines études, voués à un triste sort.

Mais petit à petit les dogmes tombent. Juliana Antero-Jacquemin de l’INSEP (Institut National du Sport de l’Expertise et de la Performance) et coll ont comparé la mortalité et les principales causes de décès chez les hommes qui ont participé aux épreuves d’aviron des Jeux Olympiques entre 1912 et 2012, par rapport à la population générale.

L’analyse publiée dans Plos One a porté sur 203 rameurs français dont 46 sont décédés avant la fin de l’étude. L’âge moyen de décès se situe autour de 72 ans. La mortalité totale chez les rameurs olympiques est diminuée de 42 % par rapport à la population générale. « L’adaptation du système cardiovasculaire aux entraînements qui permettent d’accéder à un niveau olympique est un facteur protecteur plus qu’un facteur de risque, écrivent les auteurs, la mortalité par événement cardiovasculaire chez ces athlètes par rapport à leurs compatriotes est diminuée de 59 %. » En 2013, une étude soulignait déjà le phénomène chez les cyclistes du Tour de France.

S’il n’y a pas de chromosome de longévité, il y a peut-être un secret : pédaler ou ramer.

Dr Anne Teyssédou

Source : Le Quotidien du Médecin: 9367