Le Dr Martin Faubert est un médecin généraliste parisien, la cinquantaine, marié, deux enfants. Tout pour être heureux… Enfin, sur le papier Cerfa. Car dès les premières lignes du récit, le toubib désabusé confie qu’il n’est « vraiment pas d’humeur en ce moment ». Désenchanté par sa relation conjugale, ce « sosie de Guy Marchand » l’est tout autant à cause de son quotidien d’omnipraticien et de ses patients, dont il brosse une galerie de portraits à la manière d’un naturaliste : militant écologiste anxieux, jeune femme que la médecine esthétique n’a pas épargnée, mère persuadée que son enfant est HPI… Son confident est un patient, journaliste et cocaïnomane, lequel vient le voir toutes les deux semaines pour parler de son chagrin d’amour et de littérature. Bref, l’existence du Dr Faubert est d’une absurdité à faire pâlir Sisyphe…
Jusqu’au jour où une nouvelle patiente fait irruption dans son cabinet implanté dans un immeuble haussmannien. Aurore Rosier, une jolie cheffe d’entreprise, elle aussi mariée et maman de deux enfants, dont il s’amourache dès le premier regard. Une renaissance pour le cynique Dr Faubert. Comment la revoir ? Comment lui dire qu’il est prêt à tout (dé)plaquer pour elle ? Le généraliste mettra au point un stratagème mesquin et immoral, qui lui vaudra d’être radié de l’Ordre des médecins.
Inspiré de son propre généraliste
Avec Médecine douce, Nicolas Rey signe un roman hilarant, où les patients les plus « emmerdants » doivent débourser 150 euros la consultation chez l’antihéros mais où les malades plus touchants ne règlent rien. Une façon d’évoquer aussi le malaise sociétal, les addictions et la maladie, dont celle de l’amour… qui mènera inexorablement à sa perte.
La genèse de ce projet littéraire émane de la fascination de Nicolas Rey pour son généraliste, qu’il a connu lorsqu’il habitait dans le 18e arrondissement de la capitale. Et comme le protagoniste de son roman, « il voulait être vétérinaire ! », raconte avec gourmandise l’auteur au Quotidien. C’est donc son médecin de famille qui l’a aidé à construire les coups tordus de l’omnipraticien du roman, pour le rendre le plus vraisemblable possible.
Ce médecin l’a également sensibilisé sur le jeu de « poker menteur », parfois, de la relation patient/médecin en consultation, lesquels ne se disent pas toujours toute la vérité. Par exemple, cite l’auteur, si un patient dit qu’il boit « un peu », c’est qu’il boit « beaucoup » et s’il dit qu’il boit « beaucoup », c’est qu’il faut l’hospitaliser… De son côté, poursuit-il, un médecin doit toujours faire bonne figure, même s’il n’a pas bien dormi ou s’il est malheureux.
Je suis incollable sur Dr House, j’adorais Médecins de nuit aussi
Nicolas Rey
De sa relation aux praticiens, Nicolas Rey retient des anecdotes fantasques, comme celle d’un généraliste installé boulevard Haussmann qui l’a reçu en consultation un samedi midi, au dernier moment, pour la modique somme de… 150 euros en cash ! « J’avais une bronchite, il m’a fait une injection d’antibiotiques de troisième génération et je suis tout de suite allé mieux ! », raconte-t-il en riant. S’il situe la consultation à 27 euros dans son roman (très proche de la réalité !), Nicolas Rey reconnaît ne pas savoir quel est son véritable tarif, car il n’a jamais payé chez son généraliste, lui donnant simplement sa carte Vitale…
L’auteur de Mémoire courte confie au Quotidien que les blouses blanches l’ont beaucoup aidé, notamment lorsqu’il était en cure de désintoxication – des psychiatres, un interne à Cognac-Jay et une cheffe de service d’addictologie. Enthousiaste sur le sujet, Nicolas Rey exprime toutefois un regret. « La médecine m’a toujours passionné et si je n’avais pas été aussi feignant, je l’aurais étudiée ! Je suis incollable sur Dr House, j’adorais Médecins de nuit aussi… Mon rêve, ce serait d’être une petite souris et de voir ce que vit un généraliste lors d’une journée ! Car c’est un métier qui place à l’intérieur même de la société. On est médecin la journée, mais aussi le week-end, pendant les vacances et lors des dîners en ville… »
Nicolas Rey, « Médecine douce », Au Diable Vauvert, 288 pages
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