EST-IL POSSIBLE de prévenir l’accidentologie des jeunes ? Une étude, financée par la Sécurité routière et présentée mardi à l’Académie de médecine suggère tout du moins quelques pistes en ce sens.
Fondée sur les réponses de 350 jeunes interrogés par questionnaire à la suite d’un accident de n’importe quelle nature, l’enquête s’emploie à démontrer la pertinence d’une grille d’évaluation du risque de récidive dite ECARR (Échelle d’évaluation des circonstances de l’accident et du risque de récidive).
Tous les jeunes âgés de 12 à 20 ans qui se présentaient aux urgences hospitalières (du CHU de Poitiers, du CHG de Châtellerault et à la clinique La Providence de Poitiers) à la suite d’un accident de quelque nature que ce soit et sans tenir compte de la gravité des lésions, ont été interrogés sur les circonstances de leur accident puis ont été suivis par entretien téléphonique. Le protocole n’est pas complètement terminé puisqu’il se poursuit jusqu’en juillet. Les enquêteurs* livrent à un an les premiers résultats de l’étude prospective.
C’est l’accident de sport qui constitue le motif de consultation aux urgences le plus fréquent, tant chez les filles que chez les garçons. Viennent ensuite les accidents domestiques ou au travail puis les accidents de circulation et les accidents au collège ou lycée. Les garçons se sont déclarés plus consommateurs de produits que les filles (44 contre 27 %). Ils sont, là encore sans trop de surprise, proportionnellement plus enclins aux bagarres que les filles. Il y a en revanche « sensiblement » plus de fugues chez les filles que chez les garçons interrogés. Dans la grande majorité, ces accidents sont restés mineurs (entorse, contusions simples, plaies avec suture, lésions musculaires…) mais 8 % des jeunes souffrent tout de même de lésions multiples parfois graves. Dans leur majorité, les ados se portent bien. « Mais il existe aussi des accidents qui relèvent à l’évidence d’un mal-être aisément perceptible par l’interlocuteur sans que l’auteur/victime de l’accident en ait forcément conscience et surtout sans qu’il en parle spontanément lors de sa venue aux urgences ».
Souffrance diffuse.
Il ressort que le score à l’échelle ECARR a non seulement tendance à augmenter avec l’âge mais aussi qu’il est en moyenne plus élevé chez les garçons, chez les adolescents en échec scolaire, chez ceux qui présentent des troubles anxio-dépressifs réguliers (et d’une durée supérieure à 7 jours) ou des troubles du sommeil ou encore chez ceux qui ont fait une tentative de suicide ou se sont infligé des scarifications. À l’inverse, il est généralement plus bas pour ceux qui ont consulté à la suite d’un accident de sport.
L’objectif des enquêteurs était de pouvoir identifier un groupe à risque de récidive. Plus le score ECARR est élevé, plus la probabilité d’un nouvel accident semble forte et cette probabilité est d’autant plus forte que l’on se situe dans les premiers mois du suivi.
Conclusion des enquêteurs : « Un score égal ou supérieur à 5 devrait inciter les professionnels de santé, en particulier les personnels qui reçoivent ces jeunes aux urgences à ne pas limiter leur action de soin à la réparation du traumatisme physique, même s’il est minime mais à prendre aussi en compte le contexte humain (...). Les accidents des jeunes de 15 à 24 ans doivent faire l’objet d’une attention supérieure à celle qui leur est ordinairement accordée du fait de leur propension à la récidive. Les jeunes qui ont des accidents à répétition présentent des signes de souffrance diffuse, mal exprimée mais à l’origine de conduites à risque et par conséquent à l’origine du risque de répétition. Mieux repérer ces jeunes, leur proposer un accompagnement pourrait être de nature à diminuer la fréquence et la gravité potentielle de ces récidives ».
Une prochaine étude révélera-t-elle quel accompagnement proposer à ces jeunes à risque ?
*Au CHU de Potiers, Le Pr Daniel Marcelli, pédopsychiatre, le Pr Pierre Ingrand, épidémiologiste, Magali Delamour, psychologue clinicienne et Isabelle Ingrand, ingénieur en épidémiologie et biostatistique.
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