Cette dernière décennie, la France ébahie a découvert le pianiste Menahem Pressler reparti pour une seconde carrière. Né dans l‘Allemagne prénazie le 16 décembre 1923 et éduqué en Israël, il a fait carrière aux États-Unis pendant plus de cinquante ans, principalement comme pianiste et fondateur du Beaux-Arts Trio, ensemble chambriste de légende. Après la dissolution du trio en 2008, il a repris sa carrière de soliste et de pédagogue. Le XXIe siècle est pour lui le temps de la consécration et des honneurs. Quatre fois nommé aux Grammy Awards aux États-Unis, il a été sacré en France par les Victoires de la Musique en 2016. Il faut écouter les deux CD que lui a consacrés l’excellent label français La Dolce Volta : des Sonates de Mozart jouées avec un style juvénile et une sonorité de rêve et un récital viennois Mozart/Schubert/Beethoven qui est un élixir de jeunesse.
On se souvient de longévités aussi belles, Horowitz, Arrau, Horszowski, Cherkassky, mais pas avec une telle énergie et présence en scène pendant de si longs concerts, comme en atteste ce coffret. Hormis deux prestations avec l’Orchestre de Paris en 2012 et 2014 sous la direction plutôt raide de Paavo Järvi, où il ne joue qu’un concerto de Mozart, on y trouve des concerts marathons. Comme ce récital donné à la Cité de la Musique de Paris en 2011, où en plus d’un copieux programme, il joue la dernière Sonate de Schubert, ce qui représente pour la mémoire (même si la partition est là par sécurité), pour le mental et pour les doigts un très long parcours. Autre trésor, le concert donné à Pleyel en 2013 pour son 90e anniversaire, où il joue avec le Quatuor Ébène un ébouriffant Quintette opus 81 de Dvorak, accompagne le ténor Christophe Prégardien dans cinq Lieder de Schubert, revient avec les Ébène pour « la Truite » de Schubert et trouve le moyen de jouer en soliste un « Nocturne » de Chopin. Et aussi le Concert du Nouvel An de 2014 des Berliner Philharmoniker, à l'invitation de Simon Rattle, une magnifique soirée avec des œuvres orchestrales de Khatchatourian, Rameau et Kodály, où il intervient en soliste avec des musiciens qui lui mangent dans la main dans le Concerto K. 488 de Mozart. Dans le documentaire « The Life I Love », dans lequel il évoque les méandres de sa longue carrière, une véritable leçon de vie, un musicien dit qu’il lui suffit de jouer une seule note avec un seul doigt pour se placer au-dessus de tous les autres pianistes. Cela se vérifie tout au long de ces heures magiques, où l’on entend probablement la plus belle sonorité possible aujourd'hui sortir de son piano.
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