« Il y a plusieurs années, j’ai eu une maladie débilitante et j’ai été hospitalisée pendant trois mois. La seule chose que je pouvais faire, c’était écouter de la musique et cela m’a sauvé la vie » se souvient le Dr Paola Matera. Depuis, seize ans ont passé. La maladie est reléguée dans le tiroir des très mauvais souvenirs et cette Italienne de 50 ans, née dans une famille de musiciens, travaille en première ligne.
Avant, c’était à bord des ambulances, aujourd’hui, dans le service des urgences. Mais sans abandonner la musique, au contraire. Entre deux consultations, le Dr Matera a trouvé le temps de jouer les solistes au sein d’un groupe rock pendant sept ans. Puis, elle a monté un music-hall il y a deux ans. Enfin, elle donne des concerts lorsqu’elle n’est pas de garde à l’hôpital degli Infermi, la structure publique de Biella, une commune nichée au pied des Alpes. À chaque fois, ce médecin qui a appris à moduler sa voix en prenant des cours de chant durant sa maladie, fait frémir les patients de l’hôpital en déroulant son répertoire musical. « Soigner ne veut pas seulement dire prescrire des examens. Pour guérir, les patients ont besoin qu’on leur consacre du temps, qu’un sourire les rassure parce que la peur de ne pas guérir est la maladie la plus terrible » affirme Paola Matera. La thérapie de l’âme, ajoute-t-elle, est essentielle et c’est dans ce contexte que s’inscrit la musique.
Briser le cercle de la solitude
Dans le milieu médical italien, Paola Matera est décrite comme une mouche blanche. « On parle toujours de la musique comme méthode thérapeutique mais très peu de médecins, quasiment aucun, chantent pour soigner les patients » analyse le docteur Alessandro Sabatini, l'un de ses confrères. À l’hôpital de Biella, la « médecin- chanteuse », comme l’ont rebaptisée les patients, peaufine sa technique de guérison et élargit son auditoire. Accompagnée d’un ami guitariste, le Dr Matera offre des concerts aux patients hospitalisés dans les départements de réhabilitation motrice et de gériatrie. On raconte qu’après l’avoir entendue chanter, une vieille dame assise dans un fauteuil roulant lui a dit : « je n’ai plus mal au genou ! ». La preuve pour le médecin urgentiste que sa méthode brise, en tout cas, le cercle de la solitude de la maladie.
*Pour écouter le Dr Paola Matera : https://lc.cx/4PRk
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