On savait Jessye Norman perfectionniste. Cette immense artiste à la stature de déesse et aux sourires ravageurs à la scène pouvait se transformer en studio en personnage de cauchemar pour ses directeurs artistiques et ingénieurs du son, par pure exigence artistique. Si sa discographie est abondante et couvre des genres très variés, elle opposa un veto formel à la parution d'un certain nombre d’enregistrements, en particulier dans les neuf dernières années de sa carrière. Parmi eux des extraits de « Tristan et Isolde » de Wagner. Elle n’avait jamais tenu à la scène le rôle d'Isolde mais elle avait chanté au festival de Salzbourg en 1988, avec les Berliner Philharmoniker sous la direction de Karajan, une « Mort d’Isolde » d’anthologie, heureusement captée et publiée et qui reste à notre avis la meilleure de toute la discographie (1 CD Deutsche Grammophon). Isolde était pour elle « le fruit défendu, juste à sa portée mais pas entièrement », car elle savait qu’elle n’aurait jamais la résistance vocale pour chanter au théâtre ce rôle écrasant. Aussi, quand fut décidé en 1998 un enregistrement de studio sous la direction de Kurt Masur avec le Gewandhausorchester, on crut que l’on allait tenir une intégrale. Mais nuages et tensions s’accumulèrent rapidement, aboutissant à l’abandon du projet puis à son veto. L’écoute de ce premier CD la montre dans une forme éblouissante et ne fait qu’attiser les regrets.
Le deuxième CD, des enregistrements de concerts berlinois dirigés par James Levine en 1989 et 1992, réunit les « Quatre derniers Lieder » de Richard Strauss et les « Wesendonck Lieder » de Wagner, dont elle avait gravé plusieurs versions. Son interprétation n’en a peut-être jamais été aussi intense, même dans l’enregistrement de studio mythique réalisé à Dresde avec Kurt Masur en 1982. Le troisième CD offre un trio de reines mythologiques, la « Scène de Bérénice » de Haydn, la « Cléopâtre » de Berlioz et la cantate « Phèdre » de Britten, enregistrées en studio en 1994 avec le Boston Symphony Orchestra et Seiji Ozawa. S’il en existe d’autres versions, leur réunion est exceptionnelle et en justifie la parution, dans ce cas retardée par une insatisfaction du soprano sur le mixage du Berlioz, qui a donc été modifié.
La publication a été rendue possible par l’accord de la fondation philanthropique créée par Jessye Norman, et particulièrement de son frère James Norman, qui a préféré « faire passer les intérêts de la fondation au-dessus des considérations artistiques ». La question reste entière de la validité de la publication de matériel censuré. Dans ce cas, on préfère penser qu’au-delà des polémiques les inconditionnels y trouveront leur bonheur.
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