Jean-Jacques Milteau, Popa Chubby, Grant Haua

Le blues, musique sans frontières

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Publié le 02/04/2021

Voyages en musique : dans l’Amérique d’hier et d’aujourd’hui avec Jean-Jacques Milteau et Popa Chubby, aux antipodes avec le Néo-Zélandais aux origines maories Grant Haua.

* Harmoniciste très recherché par le gratin de la chanson française, homme de radio (TSF Jazz), titulaire de très nombreuses récompenses, Jean-Jacques Milteau a toujours eu le blues dans la peau. Alors, avec « Lost Highway » (Sunset Records/L’Autre Distribution), il surprend en explorant un autre pan des musiques nord-américaines, le folk et la country music. Avec la complicité de son compagnon musical de toujours, Manu Galvin (guitare et chant), et de Carlton Moody (guitare et chant), il invite notamment l’ombre de deux figures majeures de la musique country, Hank Williams et Johnny Cash, pour une reprise du célèbre « Folsom Prison Blues ». Une belle invitation à prendre la route en covoiturage musical !

* Personnage emblématique du blues ultra-urbain new-yorkais, Theodore Joseph Horowitz, alias Popa Chubby, n’a jamais mis sa langue dans sa poche. Et la pandémie, gérée de façon calamiteuse aux États-Unis l’année dernière, a donné l’occasion à ce poids lourd musical de l’ouvrir. D’où son dernier opus, « Tin foil Hat » (Dixiefrog/PIAS). Onze morceaux d’un blues rock totalement décomplexé et hyperpuissant, pour dénoncer une crise politique et sanitaire chaotique, qui sont aussi des messages d’espoir et d’amour. Le tout soutenu par une voix tonitruante et des riffs de guitare plus qu’accrocheurs. Dans une Amérique meurtrie, le monde des musiques locales a su brandir l’étendard d’une certaine contestation.

* « Je suis juste un mec avec une guitare. » Ainsi se définit Grant Haua. Néo-Zélandais aux origines Maori, le guitariste, chanteur et compositeur, accessoirement ancien rugbyman de haut niveau, parcourt son pays, voire l’Australie voisine, avec son groupe Swamp Things. Jusqu’à sa découverte par le label de blues français Dixiefrog – qui fête ses 35 ans d’existence. Et l’enregistrement d'« Awa Blues », (Dixiefrog/PIAS), rencontre singulière entre la culture maorie et le blues afro-américain. Douze compositions originales, dont une en langue maorie. Autant d’histoires, souvent personnelles, contées de cette voix forte sur des riffs de blues, de folk blues, de blues rock et de rock groovy. Un premier disque en tant que leader, solide, authentique, faisant appel aux racines et à l’âme indigène. Une belle respiration.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin