Dès le franchissement de la ligne d’arrivée d’une étape du Tour, c’est une autre épreuve qui commence. Celle de la récupération des efforts physique des coureurs. « Il faut optimiser au maximum ce temps. C’est une priorité absolue sur les grands tours. Au final, c’est tout le temps de récupération additionné au bout de trois semaines qui peut créer une différence », explique Didier Jannel, l’un des directeurs sportifs de l’équipe AG2R-La Mondiale.
Le programme est immuable : « D’abord se réhydrater, puis aller la douche, avant de prendre la collation, généralement dans le bus afin de rentrer au plus vite à l’hôtel et effectuer les massages, prendre ensuite le repas puis aller dormir. C’est un schéma que l’on reproduit jour après jour », raconte Didier Jannel. « L’après étape, c’était facile il y a encore 10 ou 15 ans. Maintenant, les médias veulent que les coureurs arrivent à une certaine heure - entre 17h et 17h30 - dans une certaine ville où il n’y a pas forcément de logements suffisants. Il faut donc aller ailleurs et enchainer les heures de transferts qui sont autant de temps de perdu pour la récupération », déplore le Dr Éric Bouvat, responsable médical de l’équipe AG2R.
Techniques de froid
Au fil des années le Dr Bouvat et son équipe ont organisé un circuit de récupération après effort assez élaboré. « On a été parmi les premiers a utiliser de petites piscines d’eau réfrigérée installées dans une camionnette itinérante pour des séances de 10 minutes à 8 degrés, tout comme nous avons été les premiers à utiliser la cryothérapie corps entier, avec du froid à - 150 degrés pour une exposition de 3 à 4 minutes du coureur », évoque-t-il. Aujourd’hui, l’équipe AG2R a abandonné cette technique de cryothérapie, principalement pour des raisons de budget. « Une cabine cela vaut 100 000 euros et le coût de l’azote liquide pour le seul Tour de France peut s’élever à 10 000 euros », indique le Dr Bouvat. « Désormais, pour des questions pratiques, nous avons à notre disposition deux systèmes de production de froid, le bain en camionnette ou les enveloppements en chambre qu’on utilise en fonction des contraintes d’organisation », poursuit-il. Là où le bât blesse, c’est lorsque ces techniques de récupération musculaire par le froid doivent être sérieusement retardées pour des raisons de planning. « Quand nous devons vite reprendre la route pour le transfert vers l’hôtel et que les coureurs ne peuvent accéder à la piscine d’eau froide qu’une heure ou une heure et demie après, c’est un problème car son efficacité est surtout démontrée au cours des 10 à 30 minutes suivant l’arrivée », souligne le Dr Bouvat.
Question de confiance
Pour ce spécialiste de médecine du sport et de traumatologie, le secret d’une bonne prise en charge d’un athlète de haut niveau passe d’abord par un solide lien de confiance réciproque. « Quand un coureur cycliste souffre par exemple de problèmes digestifs importants, il ne faut pas le faire manger afin qu’il cesse de vomir ou avoir la diarrhée. Pour s’en sortir durant la course, il faut que le coureur soit vidé complètement et qu’il mange sur le vélo ce dont il a besoin, pour alimenter le moteur et consommer sans en mettre dans son tube digestif qui n’est pas capable d’absorber. Pour qu’un cycliste nous écoute et monte ainsi sur son vélo sans rien manger avant le départ d’une longue étape de course, il faut qu’il ait sacrément confiance dans le médecin de l’équipe », reconnaît le Dr Bouvat.
Savoir passer la main
Durant le Tour de France, l’équipe médicale d’AG2R s’appuie sur un médecin, trois kinésithérapeutes, un ostéopathe et une psychologue spécialiste de sophrologie et de préparation mentale à l’effort. « Pendant la course, le médecin de l’équipe n’intervient pas. Du coup, du départ jusqu’à l’arrivée, celui qui a la main est le médecin de l’organisation de l’événement. Moi, j’interviens en dehors de la course. Si il y a une chute, un événement traumatologique, c’est le médecin de la course qui organise la prise en charge d’urgence. Si c’est l’un de mes coureurs, je reprends la main dès son arrivée à l’hôpital », précise le Dr Bouvat. S’agissant des voies de progression dans l’accompagnement des cyclistes, le volet nutrition s’est particulièrement professionnalisé ces dernières années malgré les contraintes inhérentes à l’itinérance. « On est passé du sandwiche/coca il y a encore 10 ans à la boisson de récupération et à la collation appropriée et réfléchie », résume le médecin. Selon lui, beaucoup reste à faire au niveau de la préparation mentale des coureurs. « C’est l’avenir mais il faut encore trouver la bonne formule du fait de nos contraintes organisationnelles », conclut le Dr Bouvat.
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