* Si Avignon demeure le centre de gravité de l’été en matière de théâtre, Aix-en-Provence lui vole la vedette cette année, avec la Comédie-Française et « l’Opéra de Quat’sous » de Bertolt Brecht, Kurt Weill, Elisabeth Hauptmann, sous la direction de Thomas Ostermeier. Un événement imaginé par le très sagace Pierre Audi, directeur du festival d’art lyrique. Grand connaisseur du théâtre, il propose du 4 au 24 juillet une production qui s’annonce passionnante, avec Maxime Pascal à la tête de l’orchestre Le Balcon. Ce spectacle très attendu s’appuie sur une nouvelle traduction en français signée Alexandre Pateau, sur une douzaine de comédiennes et de comédiens qui savent aussi bien chanter que jouer, et une trouvaille, une chanson d’Yvette Guilbert, « Pauv’madam Peachum », destinée à la première version française, mais qui ne fut jamais chantée lors des représentations. « L’Opéra de Quat’sous » sera repris du 23 septembre au 5 novembre à Paris, salle Richelieu. Vous pourrez alors applaudir Véronique Vella, Elsa Lepoivre, Christian Hecq, Nicolas Lormeau, Benjamin Lavernhe, Noam Morgensztern, Gaël Kamilindi, Birane Ba, Claïna Clavaron, Nicolas Chupin, Marie Oppert.
* Pour sa 77e édition, et la première conçue sous la direction de Tiago Rodrigues, le festival d'Avignon est marqué par l’absence de la création que tout le monde attendait, « les Émigrants » d’après W. G. Sebald par le maître polonais Krystian Lupa. Une méchante affaire d’incompréhension a conduit la Comédie de Genève à renoncer à ce grand travail en pleine élaboration, et rien n’a pu être sauvé. Pour le moment, car « les Émigrants » sont prévus à l’Odéon la saison prochaine et Stéphane Braunschweig, son directeur, fera tout pour que le spectacle voit le jour.
Côté grands spectacles, à Avignon, on se tournera évidemment vers la cour d’Honneur où Julie Deliquet signe l’adaptation d’un film documentaire de l’Américain Frederick Wiseman, « Welfare ». Les visiteurs d’un centre d’aide sociale y étaient saisis, dans leurs demandes et leurs désarrois. Le film était sorti en 1973. Rien n’a-t-il donc changé depuis ? Solitude, misère, désespoir ? Une gageure que d’installer cet espace administratif dans la cour d’Honneur (jusqu’au 14 juillet). Heureuse nouvelle, la carrière Boulbon, délaissée, car s’y installer coûte très cher, accueille « le Jardin des Délices » selon Philippe Quesne. Entre images d’un bestiaire médiéval et science-fiction, on attend les audaces savantes et blagueuses de l’artiste (du 6 au 18 juillet).
Julien Gosselin est de retour, avec un long et complexe chemin qui mène à « Extinction » de Thomas Bernhard (qui donne son titre à cette traversée de cinq heures, entractes compris) en passant par Arthur Schnitzler, par le truchement d’images filmées et très élaborées. C’est le cœur de ce parcours qui débute par un concert de musique électronique, avant de nous plonger dans la Vienne des années 1900, pour arriver à l’abrupte et grinçante parole de Thomas Bernhard. Des comédiens allemands de la Volksbühne, où Gosselin est artiste associé, et les Français de sa constellation sont remarquables. On a pu les applaudir au Printemps des comédiens de Montpellier, en juin dernier (Cour du Lycée Saint-Joseph, du 7 au 12 juillet).
De la danse, de la musique, Avignon offre un très large éventail de soirées, et évidemment le « Off » va donner le tournis aux pèlerins de la cité des Papes. Comme toujours, le nombre de spectacles oscille autour de 1500, une folie. On fraie son chemin dans cette forêt vierge, en choisissant selon les auteurs, plus prosaïquement selon les horaires, mais aussi en allant vers les comédiens et comédiennes que l’on aime. On peut consulter ce programme sur Internet mais aussi se procurer la copieuse publication extrêmement pratique et distribuée gratuitement : où applaudir Francine Bergé, Catherine Arditi, Dominique Pinon, Marie-Christine Barrault (« le Voyage à Zurich »), Catherine Jacob, Brice Hillairet, Stanislas Nordey, tant d’autres. Théâtre, musique, chanson, danse, humour, et propositions nombreuses pour les enfants, tout est possible à Avignon. Le « In » dure jusqu’au 25 juillet, le « Off » jusqu’au 29 juillet.
* Oui, les enfants et adolescents sont à la fête. Devant la façade splendide du château de Grignan, c’est l’une des très grandes pièces de Molière que l’on peut déguster en famille. Mis en scène par Jérôme Deschamps « l’Avare » réjouira chacun. C’est le grand homme des Deschiens qui interprète Harpagon, d’une manière profonde, noire et drôle à la fois. C’est un excellent spectacle, très harmonieux et bien joué ( jusqu’au 19 août).
* Autre rendez-vous familial de l’été, les merveilleuses soirées du Théâtre du Peuple à Bussang. Un des lieux les plus chargés de charme et de belle histoire que l’on puisse découvrir, avec l’héritage de la famille Pottecher et le grand chalet de bois dont le mur du fond s’ouvre sur la forêt. Cet été, Katja Hunsinger et Rodolphe Dana mettent en scène « Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand dans un esprit de troupe et de partage. Du 29 juillet au 2 septembre, des après-midis et des soirées de bonheur et de joie.
* Plus modeste de dimensions, mais merveilleusement chaleureux, le festival des Nouveaux auteurs dans la vallée de l’Aude (NAVA), à Limoux, créé et conduit par l’écrivain Jean-Marie Besset, propose un choix de créations et de reprises de qualité. On peut retrouver le savoureux Philippe Caubère et les « Lettres de mon moulin » d’Alphonse Daudet, le délicieux « Duc et Pioche » de Besset lui-même, avec Sabine Haudepin et François-Eric Gendron, ou encore, du même auteur, une fantaisie politique, « De Gaulle apparaît en songe à Emmanuel Macron ». Dans des lieux et des paysages séduisants, du 21 au 29 juillet.
* Et si vous demeurez à Paris ou en Île-de-France, n’oubliez pas Théâtre, amour et transats, à Vitry-sur-Seine, du 5 au 16 juillet, et Paris l’été, du 10 au 30 juillet.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série