C’EST UNE DONNÉE claire et bien connue que le diabète augmente avec l’âge, au moins jusqu’à 70 ans. En effet, l’incidence du diabète de type 2 augmente de manière très nette entre 40 et 70 ans, cette augmentation d’incidence allant de pair avec le profil de l’obésité abdominale qui traduit le syndrome d’insulino-résistance.
La mesure du tour de taille permet de manière simple d’apprécier la graisse viscérale, c’est-à-dire les dépôts adipeux au niveau épiploïque. Cette graisse intra-abdominale expose le sujet à l’insulino-résistance qui va entraîner la libération d’acides gras dans la circulation ; elle perturbe également les signaux hormonaux émis par les adipocytes, adiponectine en particulier, qui joue un rôle majeur dans la sensibilité à l’insuline. De plus, ce tissu adipeux est associé à une inflammation de bas grade qui peut se traduire par une augmentation de l’interleukine, du TNF alpha et peut être mesurée par la CRP ultrasensible qui sont des facteurs ou des marqueurs du risque vasculaire.
Dans la répartition de la masse grasse il existe également une part génétique, car l’on hérite d’une pré-disposition à ce dépôt de masse viscérale abdominale, comme l’ont montré un certain nombre d’études. Ce tissu adipeux viscéral qui prédispose à l’insulino résistance entraîne une réaction d’adaptation de la cellule bêta qui va se traduire par un hyperinsulinisme et lorsque la cellule bêta n’est pas capable de répondre normalement, la tolérance au glucose va se détériorer. Après une phase d’intolérance au glucose, le diabète patent s’installe. Tout cela explique qu’à partir de 40-50 ans le risque de diabète de type 2 augmente très significativement. A ces facteurs génétiques d’insulino-résistance viennent se surajouter des facteurs environnementaux (alimentation, activité physique) qui jouent également un rôle important.
A partir de 40 ans il donc est raisonnable de faire un dosage de la glycémie à jeun surtout s’il existe des éléments qui orientent vers un risque particulier, notamment des éléments du syndrome métabolique (tour de taille élevé, obésité androïde, hypertension artérielle, hypertriglycéridémie, HDL cholestérol bas). En l’absence de facteurs de risque, malgré des examens normaux, si le patient reste en surpoids, il doit être contrôlé une fois par an voire une fois tous les deux ans (glycémie à jeun, bilan lipidique).
« En pratique quotidienne », précise le Pr Jean-Frédéric Blicklé de l’hôpital civil de Strasbourg, « les médecins doivent retenir que si peser et surveiller le poids des patients est bien, il est également important de mesurer le tour de taille (à mi-distance entre le rebord inférieur de la dernière côte et la crête iliaque). Cette mesure devrait systématiquement être notée dans le dossier du patient par le médecin généraliste, en plus de l’indice de masse corporelle (IMC). Chez l’homme un périmètre abdominal supérieur à 102 cm est clairement le signe d’une obésité androïde ; si des éléments du syndrome métabolique sont rajoutés, c’est réellement un facteur de risque ». « Malheureusement », explique de Pr Blicklé, « il existe au moins 3 définitions du syndrome métabolique dont les bornes ont obligatoirement une part d’arbitraire et qui de plus ne sont pas toujours adaptées à toutes les populations. Néanmoins, ce flou quant à la définition du syndrome a surtout un impact sur les études cliniques et épidémiologiques. Il ne doit pas nuire au repérage en pratique des patients, d’autant que l’on sait qu’à ce stade précoce, une bonne hygiène de vie basée sur une diététique saine et sur une activité physique régulière jouent un rôle primordial dans la prévention du diabète chez ces patients en surpoids ».
Conflits d’intérêt. Pas de conflits d’intérêt pour cet article. Collaborations avec les Laboratoires : GSK, BMS, Takeda, Roche, Gerodiad, Novo-Nordisk, Lilly, Servier, Merck-Lipha Santé, Novartis, Sanofi-Aventis.
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