Après le décès d’Olivier Ferrand

Les signes de risque de mort subite du sportif amateur

Publié le 05/07/2012
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Crédit photo : S Toubon

VU SES BIENFAITS sur la santé, la pratique du sport régulière et modérée doit être encouragée à tout âge ; tout réside dans les termes « régulière et modérée » car une pratique sportive intense et/ou dans des circonstances défavorables peut favoriser la survenue d’un accident cardiovasculaire, en particulier après 35 ans.

Un phénomène qui touche majoritairement les hommes.

« La mort subite du jeune sportif concerne surtout les hommes, de 5 à 9 hommes pour 1 femme ; elle est plus fréquente vers 35 - 40 ans chez des sportifs peu entraînés qui pratiquent un exercice intense dans des conditions défavorables, telles que le grand froid ou les grandes chaleurs », précise François Carré.

Après 35 ans, c’est la maladie coronaire qui est le plus souvent en cause, et le risque est d’autant plus important qu’il existe des facteurs favorisants mais l’âge reste un des facteurs de risque essentiel.

« Il ne faut pas oublier, précise le Pr François Carré, que nous avons tous des plaques coronaires depuis tout jeune, dès 15 -18 ans, et le risque d’accident cardiovasculaire augmente après 35 ans. Le problème des sportifs, poursuit-il, est qu’ils se sentent à l’abri. Si les études ont montré qu’il y a moins d’accidents chez les sportifs entraînés et que le sport pouvait être un facteur protecteur, il est aussi dans de mauvaises conditions un facteur déclenchant et le taux d’accidents n’est pas nul », met en garde le spécialiste.

La rupture de plaques instables.

La mort subite qui survient dans les heures qui suivent un effort intense n’est pas liée à un processus de sténose continu. L’épreuve d’effort et le scanner coronaire sont très souvent négatifs, ou, tout au plus, le scanner montre des plaques, mais rien ne détecte leur instabilité ni le risque d’érosion.

« La plaque se rompt pendant l’effort, la thrombose survient secondairement, et c’est après l’effort, quand l’organisme redevient vagal, que l’inondation en catécholamines dans un contexte d’ischémie provoque une arythmie laquelle se complique de fibrillation ventriculaire : la mort subite est une mort par fibrillation ventriculaire », explique François Carré.

Savoir s’écouter.

« Il faut pratiquer un sport modéré, régulier, recommande François Carré. Si je cours très essoufflé, c’est que je suis au-dessus de mes possibilités. Dès lors qu’on ne peut plus siffloter, chantonner ou répondre aux questions de ses copains quand on court en groupe, c’est que l’on est au-dessus de ses possibilités, insiste François Carré. Il faut s’arrêter, marcher ou trottiner et reprendre. »

Quant aux cardio-fréquence-mètres qui calculent la fréquence maximale théorique, soit 220 - l’âge, « pourquoi pas, reprend François Carré, mais il faut faire confiance à ses sensations, apprendre à s’écouter et accepter de réduire l’intensité de l’effort pour un essoufflement marqué. Il faut éviter de courir quand on est très fatigué, voire renoncer si le démarrage est très difficile ou pour tout essoufflement anormal. Et attention aux sprints de fin parcours pour se stimuler entre copains ou se défier soi-même, ils représentent un effort intense et favorisent les accidents de ruptures de plaque. »

 Dr ANNE TEYSSÉDOU-MAIRÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9151