Des changements alimentaires spécifiques

Limiter le gain pondéral au fil du temps

Publié le 23/06/2011
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Crédit photo : S TOUBON

De notre correspondante

LES RECHERCHES jusqu’ici ont surtout porté sur des populations obèses ou en surcharge pondérale qui essayent de perdre du poids à court terme. On sait peu de chose sur les facteurs qui déterminent la prise de poids graduelle au long cours chez les personnes non obèses.

« Un adulte moyen prend environ 500 g par an. Étant donné que la prise de poids est graduelle sur de nombreuses années, il s’est avéré difficile de comprendre quels facteurs spécifiques en sont responsables », explique dans un communiqué le Dr Dariush Mozaffarian, épidémiologiste (Boston).

Dans l’étude qu’il a réalisée avec son équipe, il a examiné la relation entre plusieurs facteurs spécifiques du mode de vie et la prise de poids tous les 4 ans sur une période de 12 à 20 ans. L’enquête a été menée auprès de trois cohortes prospectives d’hommes et de femmes initialement non obèses et sans maladie chronique.

En moyenne 1,5 kg tous les 4 ans.

L’analyse porte sur 50 422 femmes suivies pendant 20 ans dans le Nurses’ Health Study (NHS), 47 898 femmes suivies pendant 12 ans dans le Nurses’ Health Study II (NHS II) et 22 557 hommes suivis pendant 20 ans dans le Health Professionals Follow-up Study (HPFS). Globalement, les participants prennent en moyenne 1,5 kg tous les 4 ans, ce qui donne 7,5 kg sur une période de 20 ans.

Lorsque l’on considère individuellement les différents composants alimentaires (portion quotidienne moyenne) et les facteurs du mode de vie, que l’on les relie avec la prise de poids, les résultats sont remarquablement similaires dans les 3 études.

Ainsi, les aliments associés à la plus grande prise de poids sur 4 ans sont les chips (0,76 kg pour chaque portion supplémentaire par jour), les pommes de terre (0,58 kg), les boissons sucrées (0,45 kg), les viandes rouges non transformées (0,43 kg) et les viandes transformées (0,42 kg). Inversement, certains aliments sont associés à une moindre prise de poids sur 4 ans lorsque leur consommation augmente. Il s’agit, par exemple, des légumes (-0,09 kg pour chaque portion supplémentaire par jour), des céréales complètes (- 0,16 kg), des fruits (- 0,22 kg), des noix diverses (- 0,25 kg) et des yaourts (- 0,37 kg). Ceci suggère que la consommation de ces aliments réduit la prise d’autres aliments plus caloriques (pour le yaourt, l’explication, probablement autre, reste incertaine).

Tabagisme, sommeil…

D’autres facteurs du mode de vie sont aussi indépendamment associés au changement de poids sur 4 ans, comme l’activité physique (- 0,79 kg), la consommation d’alcool (0,18 kg par verre par jour), le tabagisme (2,34 kg pour un arrêt récent, mais 0,06 kg pour les ex-fumeurs), le sommeil (moins de 6 heures ou plus de 8 heures de sommeil par nuit sont associées à une plus grande prise de poids) et le temps passé à regarder la télévision (0,14 kg par heure et par jour).

Tous les changements alimentaires combinés sont associés à une prise de poids sur 4 ans de 1,8 kg, à travers les quintiles, un gain équivalent à la prise de poids moyenne dans la population. Ainsi, des mesures alimentaires actuellement mises en valeur, comme le contenu en graisse, la densité énergétique et les sucres ajoutés n’identifient pas de façon fiable les facteurs alimentaires associés à la prise de poids au fil des ans.

Il semble plus utile pour prévenir la prise de poids à long terme d’améliorer la qualité des glucides, en réduisant les boissons sucrées (soda), les féculents (pomme de terre) et les céréales raffinées (pain blanc, riz blanc, etc.), et en privilégiant les aliments peu traités par rapport à ceux hautement traités.

« Ces résultats soulignent l’importance de faire des choix alimentaires judicieux pour prévenir le gain pondéral et l’obésité », note le Dr Frank Hu, qui a supervisé ce travail. « L’idée reçue qu’il n’y a pas de bons et de mauvais aliments doit être réfutée ».

Globalement, les modifications de poids associées à chacun des facteurs du mode de vie sont relativement faibles. Toutefois, « des petits changements de l’alimentation et d’autres facteurs du mode de vie peuvent ensemble faire une grande différence - en bien ou en mal, déclare le Dr Mozaffarian. Ceci facilite la prise de poids involontaire, mais démontre également la possibilité extraordinaire de prévention. Une poignée de changements appropriés dans le mode de vie peut avoir un impact important ».

New England Journal of Medicine, 23 juin 2011, Mozaffarian et coll. p 2392.

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8988