D’UN CÔTÉ Sur Sourire, la religieuse chantante, qui a eu autant de succès qu’Elvis Presley, avec « Dominique », sa chanson à la gloire du fondateur de son ordre. De l’autre Jeannine Deckers, une jeune femme qui refuse tout compromis et toute marque d’autorité. On comprend que le personnage ait intéressé Cécile de France, grâce à laquelle le film, en projet depuis plusieurs années, a pu se faire, et qui a participé à la réécriture des dialogues.
C’est donc la dramatique histoire de Jeannine que raconte le film, pas le conte de fée de la fille du boulanger qui a conquis le monde sous l’habit religieux. La jeune fille qui fuit au couvent l’autoritarisme et la froideur de sa mère et qui cherchera toujours la liberté que la société des années 1960 n’est pas prête à lui consentir.
« Dans le fond, je crois que c’était une grande adolescente instable et bourrue qui n’est jamais devenue adulte et n’a jamais pu affronter la réalité de la vie », dit Cécile de France. L’actrice, née à Namur, a retrouvé ses compatriotes pour ce rôle complexe dans lequel elle s’est donnée à fond, tenant à interpréter elle-même les chansons du film. Elle lui donne les nuances nécessaires et l’émotion dont Jeannine, qui refoulait ses sentiments, manquait apparemment.
La comédienne et le réalisateur sont à l’unisson. Pour autant, Stijn Coninx ne néglige pas les autres personnages, ni les nuances des motivations des uns et des autres, y compris celles des membres de l’Église qui se sont servis de Jeannine avant de l’abandonner. C’est tout un pan de l’époque qui revit, avec ce poids énorme sur les jeunes filles, dans les milieux non privilégiés, qui n’avaient guère d’autre choix que le mariage ou la religion.
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