Le théâtre est avide de nouveauté. Depuis quelques saisons, le nom d’une jeune femme, autrice et metteuse en scène, revient sans cesse dans les articles, les conversations. Lisaboa Houbrechts, à peine plus de 30 ans, signe une mise en scène à la Comédie-Française, dirigeant une partie de la plus prestigieuse troupe de France. Elle a choisi la « Médée » d’Euripide dans la traduction de Florence Dupont.
Après une version « familiale » (jouée par une mère, son fils, sa fille) d’« Hamlet », il y a cinq ans, on connaît le travail de Lisaboa Houbrechts pour avoir vu « Bruegel » en 2020 à la Grande Halle de la Villette, et, cette saison, à la MC93, « Pépé Chat ou comment Dieu a disparu». Rien qui nous ait donné le sentiment d’un sens profond. Éric Ruf, administrateur général de la Comédie-Française, est pour sa part très fier d’avoir invité Lisaboa Houbrechts : « J’ai vu son "Hamlet" et j’ai été saisi par la maîtrise totale de ce qui échappe à ma génération : un mélange si fort qu’il en devient simplement évident, de danse, de théâtre, de joie, de liberté narrative non genrée, d’invention et de puissance. »
Dans son adaptation, la metteuse en scène ajoute le personnage d’Aphrodite (Léa Lopez, seule à être en rouge). Elle offre le rôle-titre à l’opulente Séphora Pondi, très puissante personnalité, belle voix, grandes intelligence et sensibilité. Mais elle décide de l’entourer de femmes très frêles, dans des rôles d’hommes : Suliane Brahim (Jason), Anna Cervinka (Égée) ont l’allure de fragiles jouets au pied d’une déesse monumentale. Même inversion du genre pour la Nourrice, Bakary Sangaré, naturellement bon. Mais parfois difficile à comprendre. Difficile de ne pas se demander ce que cela veut dire… Les choeurs, de Colchide et d’Athènes, par Elissa Alloula, celui de Colchide encore, avec le grand Serge Badgassarian et sa voix magnifique, Marina Hands, de son timbre touchant, chœur de Corinthe et chœur d’Athènes, dans des costumes blancs assez structurés, mais bizarres . Et tournant, courant, tournoyant, mince comme un jeune Rodrigue du « Soulier de satin », Didier Sandre bouleverse dans la partition de Créon, le roi de Corinthe.
Belles lumières, son maîtrisé, cris et hurlements, la metteuse en scène ne cesse de jeter sur le plateau des signes. Les enfants sont du linge qui sèche, et ils n’ont de matérialité que des ballons sombres qui vont crever, littéralement, sous les mains écrasantes de leur mère… Autant de trouvailles anecdotiques en un précipité d’une heure trente. Ou des coquetteries. Est-ce la manière d’aujourd’hui de représenter le tragique le plus cruel ? On ne saurait le dire. (Comédie-Française, en alternance jusqu’au 24 juillet)
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