Il ne manque pas de résoner avec l’actualité, ce premier opéra du compositeur minimaliste John Adams sur un livret d’Alice Goodman, qui évoque la rencontre à Pékin en 1972, en pleine guerre du Vietnam et guerre froide, de Richard Nixon et Mao Zedong. On avait pu découvrir assez vite l’œuvre après sa création américaine en 1987, dans la production originale de Peter Sellars et Mark Morris, sous la direction du compositeur : en 1991 à la MC 93 de Bobigny, à l’époque à l’avant-garde du théâtre américain. Elle revint au Théâtre du Châtelet en 2012 dans une mise en scène du Chinois Chen Shi-Zheng.
Pour cette entrée au répertoire, l’Opéra de Paris s’est donné les moyens de la réussite avec une distribution luxueuse. Thomas Hampson et Renée Fleming (Richard et Pat Nixon) ont certes l’acmé de leur carrière vocale derrière eux, mais suffisamment d’expérience dans le répertoire américain contemporain pour assurer. John Matthew Myers et Kathleen Kim (le couple Mao) ont plus d’éclat vocal pour des rôles que John Adams a privilégiés, tout comme ceux des ministres Henry Kissinger et Chou-En-Lai, magnifiquement tenus par Joshua Bloom et Xiaomeng Zhang.
À la baguette, le nouveau Directeur musical Gustavo Dudamel maîtrise cette partition fascinante avec une précision métronomique, mais fait sonner l’orchestre beaucoup trop fort, privant la musique de sa dimension hypnotique et couvrant les chanteurs, déjà défavorisés par l’énorme dispositif scénique. Comme pour l’opéra de Bernstein donné en début de saison, l’œuvre aurait été plus à l’aise au Palais Garnier. Pour la même raison, la mise en scène de Valentina Carrasco peine à convaincre. Beaucoup moins subtile dans sa direction d’acteurs que Peter Sellars (soulignons que le Metropolitan Opera a repris son travail de la création en 2011, disponible sur DVD Warner), elle occupe l’immense scène bastillane en abusant de l’idée de la diplomatie de ping-pong (les échanges de joueurs américains et chinois dans les années 1970), et en ajoutant au tableau de la réunion au sommet la vision de sous-sols du Palais, où l’on brûle des livres, où l’on tabasse un opposant au régime dont le seul crime est de posséder un violon, des photos d’archives – le premier degré de la narration.
Le public de la première a réservé un triomphe à ce spectacle, qui sera retransmis en direct le 7 avril sur la plateforme de l'Opéra de Paris, à partir du 14 avril sur Mezzo et Medici.tv, et le 29 avril sur France Musique.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série