« NOTRE ÉTUDE caractérise pour la première fois de façon précise et exhaustive le risque d’arrêt cardiaque et de mort subite cardiaque » parmi les marathoniens, souligne le Dr Aaron Baggish (Boston), qui a dirigé le travail.
« Le sentiment général, fondé sur la couverture médiatique importante des arrêts cardiaques survenant durant ces courses, est que le risque est très élevé. Mais nous avons découvert que le risque d’arrêt cardiaque pour les coureurs de marathon et de semi-marathon est équivalent ou inférieur à celui des autres athlètes, y compris les triathlètes, les universitaires et les joggers occasionnels. Ce résultat apporte l’assurance que c’est une activité généralement sûre et bien tolérée. »
Une population plus âgée.
Tandis que la mort subite du jeune compétiteur est bien connue, peu d’études ont caractérisé les arrêts cardiaques survenant chez les coureurs de marathon, une population plus âgée aux facteurs de risques cardio-vasculaires différents et aux affections médicales sous-jacentes.
Pour en savoir davantage, Kim et coll. ont réalisé l’étude RACER (Race Associated Cardiac Arrest Event Registry). Ils ont compilé prospectivement une base de données des arrêts cardiaques survenus lors des marathons (42,195 km) et semi-marathons (21,09 km) courus aux États-Unis entre 2000 et 2010.
Ils ont demandé aux survivants de l’arrêt cardiaque, ou aux familles des non-survivants, de participer à l’étude. Les caractéristiques des arrêts cardiaques étaient établies par un questionnaire détaillé et si possible par analyse des dossiers médicaux, notamment examens après l’arrêt cardiaque et autopsie.
Les résultats montrent que sur près de 11 millions de coureurs, 59 ont été victimes d’un arrêt cardiaque (incidence de 0,54 pour 100 000), dont 40 lors d’un marathon et 19 lors d’un semi-marathon. L’incidence des arrêts cardiaques apparaît plus élevée pendant les marathons (1 pour 100 000) que durant les semi-marathons (0,27 pour 100 000).
Plus de 85 % des arrêts cardiaques surviennent chez les hommes, avec 0,90 contre 0,16 pour 100 000 chez les femmes. L’incidence chez les hommes marathoniens (groupe le plus à risque) s’est élevée durant la seconde moitié de la décennie (passant d’un taux de 0,71/100 000 pour 2000-2004 à 2/100 000 pour 2005-2010).
Sur les 59 arrêts cardiaques, 42 étaient fatals. Cette mortalité de 71 % est bien plus faible que les 92 % généralement associés aux arrêts cardiaques extra-hospitaliers. Ce que les auteurs attribuent vraisemblablement à la réponse rapide des secours, facilitée par la présence des spectateurs et des services médicaux sur place.
Une cardiomyopathie hypertrophique.
Dans les 31 cas où toutes les données cliniques ont été recueillies, 23 participants sont décédés, 15 d’entre eux présentaient une cardiomyopathie hypertrophique certaine ou probable. Cette pathologie est la cause la plus fréquente de mort subite cardiaque chez les jeunes athlètes, mais elle n’était pas considérée jusqu’ici comme un problème dans la population de coureurs plus âgés. Neuf participants décédés présentaient des anomalies cardiaques supplémentaires.
Chez les 8 survivants, la principale cause d’arrêt cardiaque était une maladie coronarienne sous-jacente (n = 5). Cependant, aucun de ces coureurs n’a présenté de rupture de plaque ou de thrombose, une observation surprenante et intéressante, selon les auteurs. Enfin, la réanimation cardiopulmonaire entamée par les spectateurs, ainsi qu’un diagnostic sous-jacent autre qu’une cardiomyopathie hypertrophique, représentent les plus forts prédicateurs de survie.
Ce travail suggère qu’une ischémie de demande (par déséquilibre entre apport et demande en oxygène) pourrait être en cause dans l’arrêt cardiaque. Si ce mécanisme se confirmait, une épreuve d’effort avant la participation à la course pourrait être utile pour identifier les personnes à risque.
Une autre implication importante concerne la controverse sur la prise prophylactique d’aspirine avant la course. « Nos données suggèrent que la prise d’aspirine avant une course pourrait avoir une efficacité limitée car la thrombose coronarienne aiguë ne semble pas être une cause importante d’arrêt cardiaque lié à la course », estiment les auteurs.
« Nos prochains objectifs sont l’exploration des stratégies d’éducation des coureurs avant la course et de dépistage cardiaque, ainsi que l’étude plus en détail de la contribution de certains facteurs de risque », annonce le Dr Baggish. « Le grand message de l’étude est l’importance de la RCP par les spectateurs, un geste relativement simple pouvant être appris par n’importe qui dans la communauté. Aussi, lors du prochain Marathon de Boston, nous offrirons pour la première fois une séance de formation à la RCP aux coureurs, leurs familles et aux spectateurs ».
Kim et coll., New England Journal of Medicine, 11 janvier 2012.
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