« Œdipe » d'Enesco, et « Fidelio » de Beethoven

Une belle rentrée lyrique

Par
Publié le 01/10/2021
La saison démarre en flèche sur les scènes lyriques parisiennes, avec « Œdipe » à l’Opéra de Paris, qui a aussi fêté l’arrivée de son nouveau Directeur musical, Gustavo Dudamel, et« Fidelio » à l’Opéra Comique.
« Œdipe »

« Œdipe »
Crédit photo : ELISA HABERER/OPÉRA DE PARIS

Semaine chargée à l’Opéra Bastille, avec le concert de gala d’inauguration du chef vénézuélien Gustavo Dudamel, nouveau Directeur musical de l’Opéra de Paris. La soirée fut plus mondaine et moins fervente que celle du départ de Philippe Jordan et son programme plus convenu. On attend Dudamel à l’épreuve de la fosse dans « les Noces de Figaro » puis « Turandot », à la fin de l’année.

L’événement fut la nouvelle production de l’unique opéra du compositeur roumain Georges Enesco (1881-1955), « Œdipe », d’après Sophocle, créé en 1936 à l’Opéra de Paris. Grand succès pour ce formidable spectacle mis en scène par Wajdi Mouawad, directeur du Théâtre de La Colline, dans des costumes somptueux d’Emmanuelle Thomas. Le compositeur a consacré une large partie de sa vie créatrice à élaborer une partition foisonnante, à laquelle ont rendu justice l’orchestre et les chœurs maison dirigés par Ingo Metzmacher. Le baryton anglais Christopher Maltman a enlevé le rôle écrasant d’Œdipe avec une perfection phonétique et une tension dramatique remarquables. Magnifiques aussi Clive Bayley, Brian Mulligan, Clémentine Margaine et Ekaterina Gubanova. Une œuvre et un spectacle à découvrir absolument (Opéra-Bastille jusqu’au 14 octobre, retransmission sur medici.tv et L'Opéra chez soi en direct le jeudi 14 à 19 h 30, puis en différé́ sur Mezzo Live HD le dimanche 17 à̀ 21 heures).

Unique opéra de Beethoven, « Fidelio » ouvre la saison de l’Opéra Comique dans une option hybride. Raphaël Pichon, chef spécialisé dans le répertoire baroque et classique, fait appel à des instruments anciens et à une recherche musicologique pointue, alors que la mise en scène de Cyril Teste déplace l’action du XVIIIe siècle à nos jours. « Fidelio » est certes une histoire politique mais la transposer dans le temps n’ajoute rien, et l'usage immodéré de la vidéo perturbe la clarté de l’action. Heureusement, les magnifiques acteurs de la distribution, notamment Michael Spyres, Siobhan Stagg et Albert Dohmen, lui donnent un relief saisissant, malgré une esthétique un peu trop proche d’un jeu vidéo ou d’une série télévisée. Magnifique aussi la direction de Raphaël Pichon à la tête de son ensemble Orchestre et Chœur Pygmalion, emportant le drame donné sans entracte avec un élan irrésistible (Opéra Comique, jusqu’au 3 octobre, en direct sur arteconcert.com ce 1er octobre à 20 heures).

Olivier Brunel

Source : Le Quotidien du médecin