Que les dubitatifs retiennent leur sourire narquois – l’allergie induite par l’exercice physique n’est pas une excuse saugrenue concoctée pour éviter les séances de sport…
Identifiée dans les années 1970, cette allergie particulière, qui touche moins de 1 % de la population (adolescents et adultes surtout), est une forme d’allergie alimentaire. Pour déclencher ce que les experts nomment l’anaphylaxie alimentaire induite par l’exercice (AAIE) deux composantes sont nécessaires. Un aliment allergène – en première ligne la farine de blé, en deuxième ligne les crustacés – suivi d’un effort physique, « marche ou course à pied, mais très rarement vélo et natation », explique le Dr Étienne Beaudouin, chef du service d'allergologie au centre hospitalier Émile Durkheim d’Épinal.
Prise concomitante de médicaments
Chez ces patients, ce type d’effort physique réalisé dans les 4 heures suivant la prise de l’aliment allergène peut déclencher une réaction anaphylactique. « La réaction progresse assez rapidement, décrit le Dr Chantal Karila, allergologue à l’hôpital Necker de Paris. Les patients vont d’abord présenter des plaques d’urticaire. Ensuite, on peut avoir tous les signes d’anaphylaxie alimentaire – œdème au niveau du visage et des mains, gêne respiratoire, toux, mal au ventre et à la tête. » L’intensité de la réaction peut être décuplée par la prise concomitante de médicaments, comme les bêtabloquants, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, l’aspirine ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens. Certains auteurs ont également constaté l’influence de facteurs environnementaux -- un effort réalisé en saison pollinique chez un patient souffrant de pollinose ; et certaines AAIE ne surviennent qu’en hiver. Des facteurs individuels, comme les règles, peuvent aussi favoriser la survenue d’une AAIE, ajoute le Dr Beaudouin.
Le traitement consiste à administrer un antihistaminique et de l’adrénaline si la crise est sévère. À noter, l’ingestion de l’aliment en cause et la pratique de l’activité physique, réalisées isolément, ne sont à l’origine d’aucune symptomatologie, précise le Dr Karila. Autre phénomène surprenant – le caractère non reproductible des crises, comme le fait remarquer le Dr Beaudouin : « Le sujet ne présentera pas une réaction allergique à chaque fois, ce qui a parfois tendance à jeter le discrédit et provoque la non-compréhension de la part des patients, voire des médecins. »
Plusieurs hypothèses
L'AAIE est pourtant belle et bien réelle et plusieurs hypothèses sont évoquées. Le phénomène s'expliquerait par une surexpression des enzymes transglutaminases qui interagissent avec des protéines du blé et qui sont déjà impliquées dans la maladie cœliaque. Une autre hypothèse s'appuie sur une diminution de l’acidité gastrique au cours de l’effort, ce qui entraîne une moindre dégradation des protéines alimentaires.
La prévention de cette allergie peut être simple. « Lorsqu’on a identifié l’aliment allergène, il suffit alors d’éviter sa consommation dans les 4 heures précédant l’effort », explique le Dr Karila. Mais pour certains patients l’aliment reste difficile à identifier. « Dans ce cas, on conseille tout simplement de ne pas manger pendant les 4 heures précédant l’effort… », conclut-elle.
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