L’Assurance-maladie nous avait promis un bon gâteau appétissant. Il devait donner envie aux jeunes médecins de venir le goûter, inciter les médecins déjà installés à s’en repaître, voire encourager les plus anciens à rester à table pour en reprendre un morceau.
Il faut reconnaître que les ingrédients proposés étaient de bonne qualité. Parcours de soins respecté, valorisation de la prise en charge des patients âgés ou polypathologiques, volonté de ne pas favoriser les soins faciles et vite faits, amélioration substantielle du pouvoir d’achat des médecins libéraux.
La Caisse avait retiré toute l’amertume qui avait rendu le précédent gâteau juste immangeable. Finis les objectifs individuels. Disparues les obligations de garde, de travail les samedis, d’ouverture des cabinets 50 semaines sur 52.
La confection même du gâteau s’est beaucoup améliorée. Du liant, de l’onctuosité, de la fluidité, ont remplacé les brutales injonctions.
De nombreux manques
Et pourtant au final, le gâteau est décevant. Il n’a pas belle allure. Il ressemble trop au précédent de 2016, en moins rassis. On va le manger, parce qu’on a très faim et qu’on n’a pas vraiment le choix. Mais il n’empêchera pas les médecins de chercher une meilleure pitance ailleurs. Et il manque de volume, risquant de devenir rapidement pitoyable, bien avant sa date de péremption. Que lui manque-t-il donc ?
Il lui manque la levure, qui l’aurait gonflé. Il lui manque des épices pour relever sa saveur. Un petit truc pour inverser le cours de la défection pour la médecine libérale en cabinet. Ce petit truc, c’est la possibilité de demander des honoraires complémentaires aux patients lorsqu’on a bien fait son travail, lorsqu’on a investi, lorsqu’on a passé du temps pour eux. Des honoraires qui assurent aux médecins de pouvoir vivre et travailler correctement, quelle que soit la situation économique de l’État. On saupoudre de l’autorisation de facturer des actes techniques en même temps que la consultation, parce que la médecine d’aujourd’hui est plus exigeante et nécessite souvent la confirmation de l’observation clinique par un examen complémentaire dans le même temps. Et là oui, on aurait eu un gâteau magnifique, sain, savoureux. Qui aurait tenu ses promesses.
Au lieu de ça, on reste sur sa faim, avec une petite pâtisserie raplapla et insipide.
Alors la FMF va de nouveau expliquer au cuisinier qu'il y a encore du chemin pour devenir Meilleur Pâtissier. Car nous savons que si on garde la même recette, conservatrice, étriquée et méfiante envers notre profession, le gâteau restera à moitié fini dans le plat, et les praticiens trouveront ailleurs de quoi se sustenter.
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