Alors qu’elles laissent souvent perplexes les médecins, les mesures incitatives financières mises en place par les gouvernements successifs ont fait l’objet d’une étude très approfondie menée par des chercheurs de l’Insee. Les auteurs de cette publication « Stratégies de localisation des médecins généralistes français : mécanismes économiques et hédonistes », sortie en 2012, ont étudié de près un échantillon exhaustif de 9 000 médecins généralistes ayant débuté leur carrière libérale entre 1997 et 2002. Ils se sont notamment intéressés aux conséquences des politiques financières pour inciter l’installation de jeunes médecins dans des zones sous-dotées.
Les auteurs estiment qu’une prime à l’installation de 5 000 euros (équivalent d’un revenu mensuel de généraliste), attribuée aux médecins s’installant dans les cinq régions les moins densément peuplées, conduirait à une augmentation de 9 % du nombre de médecins exerçant dans le Centre, de 8 % en Basse-Normandie, de 2 % en Ile-de-France et de 1,7 % en Champagne-Ardenne. Seul le nombre de médecins s’installant en Picardie diminuerait (-1,6 %), mais c’est la région française dans laquelle les médecins ont les revenus annuels les plus élevés. Ainsi, « les niveaux de revenus sont donc suffisamment élevés pour que la prime ne soit pas un élément déterminant à l’installation », notent les auteurs.
« Effet d’aubaine »
À cette exception près, la simulation avance qu’avec une prime de 5 000 euros, environ 19 médecins supplémentaires s’installeraient dans ces régions. Toutefois, ce dispositif bénéficierait également à des médecins qui se seraient de toute façon installés dans ces régions, l’étude soulignant là un « effet d’aubaine ».
En conclusion, l’étude affirme qu’une « telle politique d’incitation financière n’aboutirait pas à tous les effets désirés ». Si elle permettrait de résorber une partie du déséquilibre dans la mesure où les régions les plus déficitaires verraient globalement le nombre de leurs médecins augmenter, elle aurait un effet pervers : le rééquilibrage se ferait au détriment des régions juste à l’équilibre qui perdraient alors le plus de médecins. Elle n’aurait, en revanche, pas d’effet significatif sur les régions très excédentaires qui le resteraient.
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