Quel est aujourd’hui le profil des primo-installants ?
Dr Jean-François Rault. Une fois leurs études terminées, les jeunes médecins sont 10 % à s’inscrire au tableau de l’Ordre dans l’année qui suit. La majorité d’entre eux sont des femmes (58 %) et l’âge moyen est de 34 ans. Une moyenne élevée notamment en raison de la présence de 27 % de médecins étrangers qui sont, en général, plus âgés. Si l’on prend uniquement en compte les médecins qui ont fait leurs études en France, la moyenne d’âge n’est plus que de 30 ans environ. Il est aussi intéressant de noter qu’ils sont un tiers à s’installer seul.
Les primo-installés choisissent-ils nécessairement des lieux où la densité médicale est faible ? En d’autres termes, répondent-ils au problème de la désertification médicale ?
Une chose est sûre, les jeunes installés ne sont jamais très loin des agglomérations. Il faut, en effet, que leurs conjoints puissent trouver un emploi. Ils ne sont pas très attirés en revanche par Paris ou la région PACA où les prix de l’immobilier sont très élevés. Ce qui leur plaît ce sont le plus souvent des villes de 10 000 à
20 000 habitants pas très loin des grands centres. La région du grand Ouest, le Pays Basque et la Savoie sont des endroits où ils savent qu’une vie sportive et culturelle les attend. Le problème n’est pas simplement une question de désertification médicale mais de désertification tout court. Si l’on veut attirer les médecins, il faut aussi penser à réaménager le territoire. On ne peut pas demander à un médecin de s’enterrer dans un désert.
Les mesures prises par Marisol Touraine dans le Pacte Territoire-Santé vous semblent-elles aller dans le bon sens ? Que faudrait-il faire ?
Concernant les mesures mises en place pour faire face à la désertification médicale, on peut donner tout l’argent du monde, ce n’est pas ça qui poussera les jeunes à s’installer. Les jeunes placent en premier leur qualité de vie. Pour certains, le contrat de praticien territorial de médecine générale est un effet d’aubaine. Ils auraient de toute façon choisi ce lieu pour s’installer. Je ne crois pas qu’il y ait un remède miracle mais une combinaison de plusieurs facteurs favorisant l’installation comme le regroupement entre médecins, l’existence d’un secrétariat ou encore faciliter les démarches administratives. Il faut davantage favoriser et améliorer leur organisation de tous les jours que leur donner de l’argent. Souvent, je conseille à mes confrères qui veulent trouver un successeur de se regrouper. Ils auront ainsi plus de chances d’attirer de jeunes médecins. À l’Ordre, nous facilitons les demandes d’exercer dans un site secondaire dans les endroits où il n’y pas assez de médecins.
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