Pour l’expérimentation dans la Somme auprès des médecins libéraux, c’est l’URPS Médecins des Hauts-de-France qui a été contactée par l’Assurance maladie et l’Agence régionale de santé (ARS). « Il s’agissait avant tout de tester la messagerie citoyenne et non le DMP qui s’inscrit davantage dans le cadre du Ségur numérique », précise Tanguy Lagorsse, responsable du pôle Systèmes d’information de l’URPS.
Dans cette optique, l’URPS lance en juin 2020 une enquête auprès de 614 médecins libéraux de la Somme, aussi bien généralistes que spécialistes, sur leurs modes d’échanges numériques avec leurs patients et leur connaissance de « Mon espace santé ».
« Ce sondage devait aussi nous permettre de cerner les non-usages d’un échange numérique avec les patients et leurs raisons, et d’établir le profil des médecins prêts à participer à l’expérimentation », souligne Tanguy Lagorsse. 117 médecins répondent à l’enquête. 58,9 % d’entre eux échangent avec leurs patients via des outils numériques pour transmettre des documents – ordonnances, courrier… – (84,6 %), fournir aux patients divers conseils (63,6 %), planifier un rendez-vous (40,9 %), interpréter des résultats biologiques (37,9 %). 73,4 % utilisent la messagerie sécurisée pour recevoir des documents, 11,9 % pour envoyer et recevoir des informations et 9,2 % pour échanger avec des confrères. Enfin, 35,4 % ont connaissance de « Mon espace Santé ».
Réticences
« Ce qui est intéressant, c’est que les médecins échangent déjà des documents avec leurs patients via, notamment, des plateformes de téléconsultation qui proposent aux patients leur propre espace », commente Tanguy Lagorsse. Les résultats fournissent également des informations sur les réticences des médecins.
« Certains ont souligné le risque qu’un échange par messagerie aboutisse à une consultation par mail. Beaucoup ont également insisté sur la responsabilité du médecin qui peut être engagée. Par exemple, quelle est sa responsabilité s’il ne lit pas un mail reçu après 18 heures et qui pourtant nécessiterait une prise en charge urgente ? Le risque juridique est une question cruciale », observe Tanguy Lagorsse. Cette enquête permet néanmoins alors d’établir une liste de 60 médecins prêts à participer à l’expérimentation.
En octobre 2021, l’URPS organise un webinaire afin de présenter « Mon Espace santé » et son fonctionnement. Seuls 11 praticiens s’y inscrivent. Finalement, les médecins de deux maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) de la Somme, dont le Dr Foulon, vont se lancer dans l’aventure.
Magali Clausener
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