Pour quelles raisons avez-vous participé à l’expérimentation ?
Dr Stéphane Foulon : Depuis de nombreuses années, je participe régulièrement aux expérimentations de différents dispositifs. Par exemple, j’ai expérimenté le dossier médical partagé (DMP) pendant plusieurs mois après sa généralisation, ainsi que le service d’accès aux soins (SAS). Je suis axé sur le numérique en général et je suis persuadé que les outils numériques présentent des avantages pour les patients. L’expérimentation de « Mon espace santé » m’intéressait et j’ai accepté d’y participer avec la MSP dans laquelle j’exerce. C’est une petite MSP qui compte deux médecins titulaires à temps plein et un médecin remplaçant sur cinq demi-journées.
Comment s’est déroulée l’expérimentation ?
Dr S. F. : La Caisse primaire d’Assurance maladie (Cpam) a fait beaucoup de promotion de « Mon espace santé ». C’est, je pense, un très bon outil qui, a priori, fonctionne. Lorsque nous avons été sollicités, on nous a précisé que nous serions contactés au niveau national par le ministère de la Santé pour vérifier la compatibilité de notre système informatique avec « Mon espace santé ». Nous étions déjà informatisés et n’avions aucun problème en particulier. C’était fin juin-début juillet 2021. Nous devions être recontactés en septembre. Mais, fin décembre, nous attendions toujours… Entre-temps, la Cpam nous a présenté « Mon espace santé » et est venue faire des essais un vendredi après-midi, pendant quatre heures. On a pu voir ce qui fonctionnait bien et ce qui marchait moins bien. Pour la partie DMP, il n’y a, en fait, rien de nouveau pour alimenter le dossier si ce n’est dans la forme. Le seul changement est que 100 % des patients ont un espace de santé créé. On ne se pose donc plus la question de savoir s’ils ont un DMP ou pas.
Et qu’en est-il de la messagerie citoyenne ?
Dr S. F. : Nous avons eu quelques soucis avec son activation en raison de DAP (data access protocols) qui bloquaient. Mais elle fonctionne assez bien. De plus, l’assuré ne peut pas envoyer un message à son médecin traitant à son initiative. Seul le médecin peut lui écrire. Le patient peut répondre mais c’est le médecin qui arrêtera la conversation en écrivant « fin » à la fin du message. Pouvoir mettre fin aux échanges était un élément important dont nous avons fait part et qui a été pris en compte. Pour autant, je vois deux freins dans son utilisation par les praticiens. Le premier est que l’adresse de l’assuré est basée sur son identifiant national de santé@nom de domaine du patient. Or c’est compliqué pour le médecin de reconstituer l’adresse du patient avec son numéro de Sécurité sociale. D’autant que beaucoup ne sont pas des geeks. Le second est qu’il n’existe pas d’annuaire des messageries citoyennes des patients. Pourquoi ne pas utiliser Ameli Pro pour accéder aux adresses mails des patients et de leurs ayants droit ? La Caisse nationale d’Assurance maladie pourrait ajouter une ligne pour la messagerie citoyenne et le médecin pourrait faire un copier-coller. J’ai fait un retour à la Cpam à ce sujet mais sans succès pour l’instant. En réalité, je n’ai pas pu vraiment échanger avec des patients, les essais ont été réalisés avec la Cpam.
Propos recueillis par Magali Clausener
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